Page 28 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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Cependant,  pour  les  débuts  du  moins,  * la  prudence  la  plus  élé-
                                  mentaire défendait aux Vicaires apostoliques de s'élaiieer  dans l'iiieonnu,
                                  sens  ressources  et  salis  liommes,  sans  laisser  derrière  eux  des  aides et
                                  des  soutieiis.  En  première  ligne,  des  collaborateurs  leur  étaieut  néces-
                                  saires ; le présent en exigeait et l'avcnir  également  ; il fallait les instruire,
                                  les préparer  et  garantir leur recrutement  de telle  sorte que la perpétuité
                                  de  l'œuvre  fût  assurée B.  y   C'est  de  ce  besoin  que  naquit  d'abord  la
                                  Société des  Missions  Etraiigères de Paris,  au sein du groupe que eonsti-
                                  tuait primitivement la petite congrégation du père Ragot, mais qui s'était
                                  gossi  de  plusieurs  recrues,  gagnées  d'avance  ou  progressivement  à
                                  l'idée  des  missions.  ha quatre  vicairea  apostoliques  formaient  pour
                                  lors le noyau de ee groupe.  Puis le Séminaire des Missions  Etrangères
                                  fut bientôt  fondé, pour  assurer le recrutement  des  ouvriers.
                                      En  ajoutant le  mot  étrangères  au  nom  de leur  société de missions,
                                  les  promoteurs ne  clierehaient  pas  seulement  à  mieux  définir  le  but  de
                                  l'œuvre,  mais  à mieux  la  distinguer  d'une  congrégation  fondée par  aaint
                                  Vincent de Paul, pour les missions de l'intérieur de la France,  les prêtres
                                  de  Ia  Mission.  On  n'oubliait  pas  que  le  bon  monsieur  Vineent  avait
                                  élevE  ses  protestations,  quand le duc de Ventadour,  en  1651, avait parlé
                                  d'établir  une  autre  congrkgation  de  missionnaires,  avec  un  nom  trop
                                  semblable,  à  son  avis.  Il redoutait  la  confusion  dana  l'esprit  des  gens,
                                  au détrimeiit  de sea fils spirituels.
                                      L'entreprise  des  Missiona  Etrangéres  bénéjicia,  dès  sa  naissance,
                                  d'une  tutelle puissante, celle de la Compagnie du Saint-Saeremeiit.  Fon-
                                  dé~ 1627, selon  une inspiration  du  duc de Ventadour,  vice-roi de la
                                      en
                                  Nouvelle-France,  la Compagnie du Saint-Sacrement était une  association
                                  secrète, comptant  de multiples  cellules à travers le royaume et des  adhé-
                                  rents de tous  noms  et  de toutes  classes ; c'était  une  einquième colonne
                                  d'action  catliolique,  puisaante  et  active,  élevée  contre  le  jansénisme,
                                  I'irreligion  et  l'immoralité,  mais  portant  aussi  son  action  dans  les  œu-
                                  vres  d'apostolat.  L'idée  des miasiona  surtout  la  hantait.  C'wt  elie  qni
                                  avait  permis déjà  de rhliser l'entrepriae  audaeieuse  de la  fondation  de
                                  Ville-Marie.  Elle  endoaqa  tout  de suite  le nouveau  projet,  surtout  à  la
                                  reprise  des  démarclies  pour  l'envoi  des vicaires  apostoliques  en  Orient.
                                  La  Duehesse  d'tlignillon  était  de la  Compagnie ; ME' de Laval  et  tous
                                  EH   futurs  collEgues  des  hlissions  Etrangéres  en  étaient  aussi  ou  ne
                                  devaient  pas  tarder  à  y  entrer.  Obligée par  ses statuts  de  rester  dans
                                  l'ombre, au surplus condamnbe à mort par le Roi, la Compagnie du Saiut-
                                  Sacrement  fournit  les  fonds,  en  fait  mtme  verser  par  le  trésor  royal,
                                  puis constitue une cornmiseion de quelques inernbres,  qui agissent publi-
                                  quement,  é  partir  de  1658,  en  vue  de consolider  matériellement  toule
                                  l'entreprise.   Quand  le succès est  assuré,  quaud les lettres patentes  sont
                                  enfin ignées par Louie XIV, ne ae doutant pas  qu'il  exauce l'ultime  désir
                                  de  ceux  que  sa  police  recherche  à  ce  moment  inême,  la  Compagnie,
                                  proscrite  du  royaume  ct  déjà  en  train  de  se  démembrer,  peut  clianter


                                   7  Launay,  opu citdurn, p.  38.
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