Page 27 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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Pendant  ce  temps,  lea  Jésuites  de  la  NouveUe-France,  éveillés  à
                              l'idée  d'un  vicaire  apostolique  et  ayant  eu  l'assentiment  favorable  de
                              la  Cour,  se cherchaient  un  caiidjdat.  Dans  ccs  contrécs,  a les  missions
                              avaient  besoin  d'ouvriers,  il  fallait y  en  former.  L'Europe  ne  pouvait
                              pas  en  fournir toujours ; le  vice  commençait  à  s'y  répandre,  il  fallait
                              une  autorité supérieure pour  en arrêter  le cours r. ' De  ce côté,  point
                              d'obstruction  diplomatique  : la  France  était  chez  elle.  II  est  vrai  que
                              l'épiscopat  gallican  souleva  d'autres  objections  à  la  nomination  d'un
                              vicaire apostolique.  Mais ellcs furent mises  à la  raison par  l'effort  con-
                              jugué  de  la  Cour  et  du  Saiiit-Siège.  Et  les  Jeauites  eurent  bientôt  le
                              bonheur  de voir  leur  ancien  élève,  l'abbé  François  de  Laval,  promu  à
                              la  digiiité  épjecopale,  le 8 dkembre  1658.  Depuis  quatre  ans,  dana  la
                              retraite,  il se  préparait  à  sa  vocation  missionnaire,  auprès d'un  grand
                              myetiquc  de ce  ternps-là, Jean  de  Bemièree de Louvign)., dirmieur  d'un
                              ermitage,  à  Caen,  en  Normandie.
                                  La  Providence,  qui  conduit  tee  hommes  à  leur  inau  et  veille  à  la
                              réaIisation  de leurs  aaintes entreprises,  ressuscitait  Vers  le  même  temps
                              le projet du  père  dc Rhodes pour l'orient,  par l'entremise  de la duchesse
                              d'Aiguillon,  cette  pieuse  uièce  du  cardinal  de  Richelieu  qui  avait  déjà
                              fondé  l'Hôtel-Dieu  de  Québec.  L'abbé  Pallu  ne penaait  plua  alors  aux
                              missions.  Une lettre pleinc  d'insistauce  de la  nuchesae  alla  le rejoindre
                              à  Rome,  oii  il s'ktait  reiidu, en  1657, avec  quelques prétres  de ses amis,
                              pour  uii  voyage  de  dévotion  et  de  pèlerinageb.  Elle  lui  auggérait  de
                              sollici~er du  Pape lui-même la  reprise  du  projet  abandouné,  lcs  circon-
                              stances étant  devenues  plus  favorables.  Auaaitôt  dit,  aussitôt  fait.  Le
                              nouveau  pape, Alexandre  VII,  fut d'autant  piua  sympathique,  qu'il  avait
                              eu  longtemps,  à  aon  dire,  l'idée  de  se  faire  missionnaire.  Rejouia  de
                              cet  accueil,  les pèleri113 eu  profitèrent,  à  l'été  de  1658,  pour  présenter
                              une  supplique à  la Coiigregation  de la  Propagande,  demandaut les pou-
                              voirs  de eonstituer  à  Paris  un  Séminaire,  au profit  des  misejona  qu'on
                              allait  fonder
                                  Ils  obtinrent  alore  ce  qu'ils  dtsiraient,  même  les  buIles  de  trois
                              vicaires  apostoliques, qui  fureiit, cette fois : MKr Fraiiçob Pallu,  évêque
                              d'Heliopolis,  M"  Pierre de  la  Motte  Lambert, évêque  de Beryte,  et MP'
                              Ignace Cotolendi, évEque de Metellapalia.  Mg' de Hval, leur ami intime
                              et  ancien  eornpagnon,  était  dEjà  choisi  pour  le  Canada,  sous  le  titre
                              d'éveque  de Pétrk.
                                  Tous  ces  préIata  recevaient  la  même  mission  : affermir  l'ktablisse-
                              mcnt  de la  foi  dans  dee pays  nouveaur.  sous  la  dépendance immédiate
                              du  Saint-Siège, avec,  comme  objectif  essentiel,  la  formation  d'un  clergé
                              autochtone ; en  Orient,  avcc les indigénea  de em contrées  ; au  Canada,
                              avec  lm  fils  des  colons  françaia  et  peut-être,  un  jour,  sait-on  jamais,
                              avec lm fils de9 Peaux-Rougea.

                               4  Mênuiire~ sur  la  vie  de  M.  de  Laval,  p.  10.
                               b  ASQ,  cahier manuwrit no 137 : Brevis  et  perspicim  szposiriu  corm qu Rom
                                #esta  suni  in  instituedo  stabidien   ue missions Yicwiorum Aplicorum  Chine,
                                                         $7
                                Tunkki, Cocincim etc.,  par  MPr Pa  u, pp. 1410.
                               0  Les  vruk  acles primiti]~, pp.  hm.
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