Page 102 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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Détroit et de plusieurs auttea centres canadiens-français devenus officiel-
lement américains. Ils eurent, par la force même de leur allégeance poli-
tique britannique et par tout un ensemble d'heureuses circonstance,
sous la direction de leurs vaillante curés. plus d'occasions favorables de
préserver leur caractère eatholique et eanadien-français demeuré pzndant
longtemps, des plns aetifs et vigoureux.
Aprks la eonquEte du Canada par IlAngleterre, en 1560, la fidélité
des Canadiens Irançais à l'allégeance britannique, même dev~nt la con-
juration du puissant ehef indien Pontiae, qui avait quelques ehane~ de
ne
~UCE~S, reste pas sans récornpene. En 1774, pour s'assnrer cetle fois
la sympathique collaboration des Canadiens français durant la meur-
triEre résistance qu'ils auraient certainement à oppoer bientôt à I'inva-
sion américaine, les gouvernants de Londres estiment de bonne politiquc
de Ieur restituer l'nsage de leurs droits naturels et de leurs lois civiles
Irançaiaes, de modiber la formule dn serment du test et d'élargir les
cadres de leur territoire jusqu'à eelui de la baie d'Hudson vers le nord
et jusqu'à la vallée des Grands Lacs et mëme de l'Oliio vers l'ouest.
L'é~ernel opportuniste qu'est I'AngIeterre saisiasait surtout en cetle
affaire, l'oreasion, i'urgence d'assurer Ia bonne administration des terri-
toires de l'Ouest de faqon à maintenir les amieales relalions avec les
Indiens et à bien régler la traite des fourrures.
La colonie franeo-canadienne de Détroit, avait en 1774, par l'Acte
de Québec, la joie inespérEe de ~.e voir réintégrer dans les bornes de la
Province de Québec, avw: tout ce quc cette mesure comportait d'avan-
tages politiques, religieux et uat ionaux. Ce rattachement, sur un même
sol, à leurs frères dans la foi et par la langue et les traditions, était pour
ees expatriés d'autant plus réconfortant qne, dane le préambule de 1'Aete
de Québec. les Ministres britanniqnes crurent devoir déclarer qu'en
agrandissant la province de Québec, ils avaient pour bnt prineipal de
salisfaire aux légitimes désirs a de plnsieurs étabIi~semenis dans l'Ouest
ou se trouvaient des eujets de France, qui avaient deinandé d'y rester W.
Lenr bonlieur. hFlas, ne dcvait pas être de longue durée. La Guerre
d'Emancipation des eolonies américaines allait singulièrement compliquer
les affaires chez lee Canadiens fran~ais du Détroit et de toutc la région.
Ceux de la vallée du Saint-Laurent furent moins qne primes à adhérer a
la défense des intérêts de l'Empire anglais et pour cause : le souvenir
douloureux de la eonqnête n'était pas encore tellement effaci! et rendait
la masse du penple incertaine et flottantp. LÊs emprisonnements souvent
injust ifii.~ des euspects d'infidélité à la Couronne britanniqne, par Carle-
ton et Haldimand, indisposaient gravement le peuple eanadien-f rangais.
L'intervpntion aurtout de la France dans la Guerre d'Indépendance amé-
ricaine donnait un gros coup au cœur des Canadiens français ; la France
se laissait, en effet, gagner par la bonhomie et la simplicité du Pré-
sident Franklin, qui se pavanait et se faisait aller domocratiquement dans
2 Shorlt 8- Doughty, Doc,unipn~s relaiii~ à I'Histoire consti~utionnelle du Canada,
Tanie 1, 370 ; aussi : M. le clinnriine L. Lroulm, Vers I'éinancipaiion, pp. 17CL
171,