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POUR LA MORT D'UNE JEUNE NOVICE 1
Sa eouslne AnneaMarie, Carmélite, pleure la mort d'une nièee,
noviee dana la même eommunaut6. Monseigneur lui fJcrit
pour la cODlIOler..
Pauvre cousine, votre chère lettre est bien triste;
antrefois elle m'aurait fait pleurer, mais je vous
avoue que cette fois j'aurais plus volontiers récité le
Te Deum d'actions de grâces que mêlé mes larmes
aux vôtres; car enfin puisque, malgré vos larmes,
vons avez béni le bon Dieu de tout et en toutes cir-
constances, je n'ai pas tant de quoi m'affliger. Eh 1
laissez-moi vous le dire, bien chère cousine, vous
pourriez vous affliger un pen moins vous-même.
Vous me reprochiez autrefois de m'affliger trop, et
,vous aviez bien raison; mais il paraît qu'en me con-
vertissant vous avez pris mou défaut. Si votre chère
nièce fût morte en réprouvée, j'aurais pleuré avec
vous; mais dès lors qu'elle est morte de la mort des
justes, qu'elle a quitté une vie misérable pour pas-
ser à un bonheur sans fin, ne devez-vous pas vous
réjouir pour eUe T Vous auriez été heureuse de
l'avoir religieuse, mais croyez-le bien, c'est mainte-
nant qu'elle est religieuse tout de bou. L'habit de
gloire dont elle est revêtue vaut bien le froc qu'on lni
a donné en commençant son noviciat. Et, bien chère
cousine, eût-elle vécu en religion, vous pouvez être
sûre qu'elle eût eu des peines et des chagrins; car
bien qu'on en aie beaucoup moins que dans le monde,
on en a c~pendant vous le savez bien vous-même. Ce
n'est pas sur cette terre que l'on peut être parfaite-
1 Lettre à sa cousine, Sœur Anne·Marie, Ca.rmélite. _ Fort
du Liard, le 11 septembre 1861. - CFG
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