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14 MONSEIGNBUB GBA.NDIN VOUS PA.BLJJ • .•
croît de dépenses pesait lourd. Son frère Frédéric,
pour aider à équilibrer le budget, alla chercher du
travail àParis. A son tour Vital dût quitter le foyer.
On le plaça chez son parrain, l'oncle Michel Patry,
qui lui confia la garde des moutons et quelquee autres
travaux proportionnés à ses forces. Pour cet enfant
sensible, affectueux à l'excès, la séparation était
dure. Mais l'exil dura peu.
Rentré au foyer, Vital se dépensa pour rendre
à ses parents tous les services que lui permettait son
jeune âge. Il le faisait avec plaisir. Était-il heu-
reux' On aurait pu en douter. La mélancolie, qui à
certaines heures s'accentuait et assombrissait son
jeune front, prenait sa source quelque part, au fond
de l'âme. Vital avait son secret. Il s'en ouvrira plus
tard:
c Cet état de gêne, où je voyais mes parents,
m'empêcha malgré mon désir, de songer à être prê-
tre. Ayant vu des Frères de Ste-Croix, je crus que
je pourrais, moi aussi, devenir frère ...•
La tentative n'eut pas de succès. Au bout de
quelques mois une santé débile le força de rentrer
sous le toit paternel. Mais la mère veillait. Elle
devina son fils :
- c Tu n'aimerais pas être prêtre comme
Jean' •
- c Oui, mais nous sommes trop pauvres •.
- c Tu as tort. Nous devons toujours compter
sur Dieu. Regarde, ton frère ...•
Vital se laissa facilement convaincre. Alore tout
un bataillon de bonnes volontés se mobilisa. L'abbé
Garnier, vicaire d'Aron, ouvrit la marche; il lui en-
seigna les premiers éléments du latin. Au bout de