Page 13 - monseigneur
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ESQUISSE BIOGRAPHIQUE


            TI était une fois nn petit berger, pauvre, timide,
        mais dont les yeux, pleins de douce mélancolie, reflé-
        taient la beauté de l'âme. Vital devait avoir 12 ans.
        Tous les jours, armé de son fouet, un sac en bandou-
        lière, l'enfant conduisait au champ les troupeaux de
        son oncle Michel. Ainsi pouvait-il déjà gagner sa
        vie. C'était pour les époux Grandin une bouche de
        moins à nourrir, un allégement. Car après avoir
        connu une honorable aisance, la famille, par suite de
        malheurs et d'insuccès, était tombée dans un état
        voisin de la misère.
            Vital avait vu le joar, le 8 février 1829, dans une
        belle maison de pierre, «Le Pélican~. C'était une
        auberge que son père avait fait construire en bor-
        dure de la route, tout près de la forêt de Sillé. Mais
        Jean Grandin et Marie Veillard n'y véeurent que
        peu d'années. Déjà l'infortune harcelait leur foyer.
        Quelques années auparavant, un terrible ouragan
        avait détruit leur ferme. A l'auberge du «Péliean ~,
        les affaires allèrent mal. C'est que le patron ne
        voulait tolérer ni l'abus des boissons, ni l'inconduite
        des clients, ni· non plus les visiteurs louches. La
        famille dût bientôt quitter et alla s'établir ailleurs,
        dans une bourgade de la Mayenne appelée Aron.
        Les eharges du foyer augmentaient. Les époux Gran-
        din avaient eu 13 enfants, dont neuf étaient vivants.
            L'un des aînés, Jean, ayant manifesté le désir
        du sacerdoce, ponrsuivait alors ses études. Ce sur-
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