Page 121 - monseigneur
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       en ait moins qu'en France; il n'y a donc que les
       souffrances et les sacrifices qui peuvent engager;
       et grâce à Dieu, ce n'est pas ce dont tu manques, et
       les peines que tu supportes à Saint-Loup peuvent
       fort bien être plus méritoires que celles que j'aurai à
       supporter au milieu des pauvres sauvages, si j'ai le
       bonheur d'y aller. Tu as du moins sur moi le mérite
       de contrarier tes goûts. Encore une fois, mon cher
       frère, je ne veux pas te détourner; si tu peux trouver
       le moindre moyen, fais-le moi counaître et j'irai de
       suite trouver Monseigneur lui-même; je lui dirai ta
       position et tes désirs; et je crois qu'il ne refusera
       pas de t'envoyer aux missions étrangères, si tu le
       désires. Surtout, mon cher frère, ne te tourmente
       pas; tu peux faire beaucoup de bien où tu es; c'est
       toujours une consolation. Le bien que tu fais n'est
       pas éclatant, il n'en est que plus méritoire et moins
       dangereux; ,tu as du moins le bonheur d'être dans
       une paroisse où il y a de la piété; c'est déjà beau-
       coup de pouvoir s'y maintenir. Efforce-toi de bien
       établir le mois de Marie; partout dans le midi de la
       France, où il y a moins de religion que chez toi, on le
       fait avec beaucoup de solennité, même dans les
       moindres hameaux; tu prouveras par là ton amour
       envers Marie; et si Dieu ne juge pas à propos que
       tu sois un Oblat, tu n'en seras pas moins son enfant.
       Adieu, mon cher frère, prends courage. Si pendant
       ta vie tu as pu empêcher un seul péché mortel, ne
       crois pas que ton ministère a été sans fruit. ,N'oublie
       pas du reste que par tes prières tu peux convertir
       plus d'âmes que par tes prédications.

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