Page 119 - monseigneur
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me semble te donner ce titre d'affection et non d'au-
torité. Je le ferais avec plus de droit, si comme à ton
frère ou plutôt à tes frères, j'avais eu la consolation
de t'imposer les mains, ou si le bon Dieu t'eût
appelé à venir sous ma houlette. Quoiqu'il en soit,
les liens d'affection et de charité, sans compter les
liens du sang qui nous unissent, me permettent bien
de t'appeler mon enfant et bien cher enfant. La
veille de la Trinité, je voyageais bien péniblement.
J'ai pensé à toi, j'ai prié et fait prier pour toi, le
jour de Saint Laurent; j'étais à une mission dédiée à
ce saint et connue civilement sous le nom de Grandin.
Je ne me doutais pas que ce jour-là tu recevais l'im-
position des mains de ton évêque, que tu devenais
prêtre de Jésus-Christ. N 01,S voilà bien des prêtres
dans notre famille, il semble que le bon Dieu l'a un
peu prédestinée co=e celle d'Aaron. Tâchons de
répondre à tant de grâces; soyons des hommes de
Dieu, la part de Dieu. Il ne faut pas que nous fas-
sions notre devoir de prêtre tant bien que mal;
nous ne devons pas, comme trop de prêtres, craindre
d'en trop faire pour le bon Dieu. Nous sommes ses
hommes; nous devons lui être dévoués corps et âme,
à la vie et à la mort; plus que jamais, il faut de tels
prêtres aujourd'hui. Le beau diocèse du Mans est
assurément bien favorisé du bon Dieu. Cependant
d'après ce que j'ai vu et compris par quelques-unes
de vos lettres, il se glisse dans certains prêtres un
esprit qui n'est pas l'esprit de Dieu, croyez-le bien:
le bon prêtre doit ressembler au bon religieux, ne
point examiner ses supérieurs, ne point les critiquer
surtout,'ne pas même se hâter de ,condamner ce qui
pourrait paraître condamnable; il doit voir Dieu en