Page 66 - monseigneur
P. 66

connaissait pas cette maladie. À la campagne, c'était nouveau
                             et elle a fait une péritonite. Avec le dernier, un garçon, qu'on a
                             appelé Gabriel (mon arrière-grand-père se nommait ainsi), ça
                             fait bien dix. Nous étions nombreux, mais la maison était
                             grande. Nos parents étaient bons et s'entendaient bien. Nous
                             étions heureux.
                                 Mon grand-père paternel était d'ascendance bretonne,
                             François-Xavier Morvan. Ma grand-mère s'appelait Virginie
                             Cardin. Ils s'étaient mariés, lui à 20 ans, elle à 18. Us ont eu 5
                             garçons et 4 filles. J'espère n'en pas oublier. Voici les noms
                             des garçons: Jean-Baptiste, François-Xavier (mon père),
                             Émile, Michel et Arthur. Les filles se nommaient Julienne,
                             Cédélie, Émérance et Emma.
                                 Mes oncles et mes tantes de la famille Morvan, avant de se
                             fixer, soit aux États ou ailleurs, sont demeurés quelque temps
                             dans les paroisses aux alentours. Mon oncle Jean-Baptiste, le
                             plus âgé, a voyagé et a fait un peu d'argent avant de se marier.
                             11 s'est acheté une terre à Saint-Bonaventure et c'est notre
                             Geneviève qui est restée quelque tem ps avec lui. Je suppose
                             qu'ayant décidé de se marier, il a vendu cette terre et en a
                             acheté une autre dans le village voisin, Saint-Guillaume. Il a
                             marié une Mlle Pichette, Stéphanie, une jolie fille et instruite
                             en plus. Ils avaient une belle maison et nous aimions aller nous
                             promener là, nous de la campagne. Il y avait un couvent et un
                             collège commercial dans ce village. Les enfants ont eu la pos-
                             sibilité de se faire instruire. Mon cousin, l'aîné Hervé, a tra-
                             vaillé à la Banque d'Épargne à Montréal. Mais à la guerre de
                             1914, il a décidé de laisser la banque et de s'enrôler (une drôle
                             d'idée !). Je suppose qu'il voulait faire une expérience ou voir
                             du pays... Pas longtemps après son arrivée en France, il a été
                             tué, par une balle perdue! II a eu juste le temps de se faire
                             photographier en habit de soldat, avec son fusil sur l'épaule!
                             C'est le souvenir qui nous reste de lui! Les deux autres gar-
                             çons, Lorenzo et Paul-Émile, ont été pompiers. Ma cousine,


                                                           71
   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71