Page 9 - monseigneur
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dans notre rang, qui était le plus beau. Nous les admirions, car
ils ne travaillaient pas, ils étaient bien habillés et ils parlaient
tous l'anglais! Étaient-ils supérieurs? C'est ce que nous pen-
sions dans le temps! Ëtions-nous bornés! ! ! Cependant, ces
Anglais étaient très aimables. Aujourd'hui, l'hôtel n'existe
plus, mais les sources sont encore exploitées et l'eau minérale
Abénakis est très appréciée.
À cet endroit, commençait le rang du Bois de Maska. Pour
nous, c'était un rang ennuyant. D'abord un bois, puis beau-
coup de sable dans le chemin, ce qui était fatigant pour le
cheval et pour nous. Il n'y avait pas grand-chose d'intéres-
sant! Pourtant, à la fin du rang, il y avait un pont, c'est-à-
dire quelques madriers jetés sur un fossé, qu'on appelait le
pont des Torrons ! À cet endroit, les vieux disaient qu'il y
avait eu une bataille et que des hommes étaient enterrés là.
Ils ajoutaient que parfois ces morts sortaient leurs mains et es-
sayaient d'agripper les passants! Nous allions quelquefois à
Yamaska, chez un des cousins de ma mère. Alors, quand
nous arrivions à ce pont, nous faisions reposer le cheval et
puis ensuite, fouette cocher! il avait affaire à prendre le
galop! Nous y croyions plus ou moins, mais nous avions peur
quand même. Mon mari est né dans ce rang-là. J'écrirai plus
tard dans quelles circonstances il est venu aboutir (habiter) au
Petit Chenai!.
Le Petit Chenail, capricieux comme tous les cours d'eau,
passait tout près du chemiR et tantôt s'en éloignait, ce qui
était le cas chez nous. Ça nous faisait un grand bas de côte
pour glisser, l'hiver. Là, nous récoltions du foin, mais il pous-
sait aussi toutes sortes d'herbes à travers ça. Il y avait aussi
la petite source près de la côte, et, plus loin, avant le chenail,
le gros «tâbe» (arbre). Nous avons toujours dit «le gros
tâbe ». Après chez nous, le chenail revenait près du chemin
pour zigzaguer ensuite et entrer dans l'île Saint-Jean. Le che-
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