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NOTRE COMMUNAUTÉ, NOS INSTITUTIONS




            instruire leurs enfants à l’école du village, établie   d’écoles anglophones des écoles séparées ne voulaient
            depuis 1890. Il fit même une souscription paroissiale,   pas qu’on y enseigne en français.
            qui lui permit d’amasser 66 $ pour le Congrès!
                                                                 Le sénateur Napoléon Belcourt, élu président du
            Le Congrès                                           Congrès, s’adressa aux délégués pour mettre de
            L’événement dura trois jours et les réunions se tinrent   l’avant l’idée qu’une « …association permanente…
            essentiellement au Monument national, situé sur la   pourra avec avantage s’occuper à améliorer la vie
            rue George à Ottawa. La grande messe d’ouverture à   matérielle, morale et intellectuelle de la population
                                                                                       9
            la cathédrale Notre-Dame d’Ottawa fut présidée par le   française de l’Ontario. »  Notons qu’Orléans
            délégué apostolique au Canada, M  Donato Sbaretti.   s’enorgueillit depuis 1957 de compter la rue Belcourt
                                            gr
            Le banquet de clôture, sous la présidence d’honneur   au nombre de ses artères les plus importantes au cœur
            du premier ministre du Canada Wilfrid Laurier, se tint   de la communauté.
            à l’hôtel Russell House, qui était situé là où se trouve
            aujourd’hui le Monument commémoratif des anciens     Finalement, la dernière journée fut marquée par
            combattants. Avant l’existence du Château Laurier,   des discours du curé Beausoleil et du trésorier de
            c’était l’hôtel chic d’Ottawa!                       la commission constituante du congrès, Emmanuel
                                                                 Tassé, suivis de l’élection du comité exécutif de la
            Invité à prononcer le sermon, le curé Léon Calixte   nouvelle ACFEO. Deux Orléanais furent choisis au
            Raymond de la paroisse Sacré-Cœur, dans le village   sein de l’exécutif : Ovide-Arthur Rocque, et Évariste
            appelé « The Brook », galvanisa les participants en   Chartrand, cultivateur du rang Sainte-Martine (chemin
            les invitant à être « de vrais Canadiens-Français »,   Trim aujourd’hui) depuis 1870 à Orléans.
            ajoutant : « …Multipliant nos efforts et nos sacrifices,
            nous voulons défendre si bien nos droits, peser d’un si   Conclusion
            grand poids sur l’opinion publique qu’enfin on nous   Si les élites religieuses et les notables du temps furent
            accorde ce qui nous appartient » . Coïncidence, ou   les têtes d’affiche du congrès, le rôle des autres
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            résultat d’efforts concertés, The Brook fut rebaptisé   représentants venus d’Orléans et d’une centaine de
            Bourget au cours de l’année 1910, une francisation   localités ontariennes n’en fut pas moins crucial. En
            cohérente avec les convictions du curé Raymond, en   1910, ne l’oublions pas, la province n’est dotée que
            poste à la paroisse Sacré-Cœur de 1904 à 1929.       d’un réseau ferroviaire naissant, avec peu de routes
                                                                 carrossables… Et le Congrès s‘est tenu en plein hiver!
            Un comité d’éducation mit en relief 10 importantes
            lacunes du système scolaire de la province, dont     Devenue l’Association canadienne-française de
            l’inexistence d’un programme rationnel bilingue,     l’Ontario (ACFO) en 1969, puis l’Assemblée de la
            l’inexistence d’écoles secondaires et d’écoles normales   francophonie de l’Ontario en 2006, l’ACFÉO s’est dès
            bilingues, la non-reconnaissance des diplômes        le départ imposée comme « l’organisme provincial
            d’instituteurs émis au Québec, l’iniquité du système   de prédilection des Franco-Ontariens » . Un certain
                                                                                                     10
            de répartition des revenus des taxes par rapport aux   Règlement XVII n’allait-il pas être imposé aux
            écoles publiques, et l’insuffisance des ressources   Canadiens français de l’Ontario deux ans après le
            financières pour payer les enseignants.              Congrès de 1910? Les 60 délégués d’Orléans, comme
                                                                 les 1 140 autres venus de partout en Ontario, auront
            Au cours de la deuxième journée, des résolutions     eu bien raison d’unir leurs forces juste à temps pour
            furent prises pour favoriser l’établissement d’autres   orchestrer la lutte afin de le faire révoquer.
            écoles séparées. Des données recueillies par le Comité
            de la statistique, dont était membre M. Rocque
            d’Orléans, révélèrent que dans les comtés de Russell,
            Prescott, Carleton, Glengarry et Stormont, ainsi
            qu’à Ottawa, les commissaires d’écoles étaient
            majoritairement anglophones dans les communautés
            majoritairement francophones, et que les directeurs

                                                                 9  Ibid., p. 221.
                                                                 10  « Historique de l’AFO », Assemblée de la Francophonie de l’Ontario,
            8  Ibid., p. 111-112.                                   https://monassemblee.ca/mon-assemblee/#apropos

                                                                                              LE CHAÎNON, HIVER 2021  53
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