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NOTRE COMMUNAUTÉ, NOS INSTITUTIONS
À gauche : La carte mortuaire
de Monseigneur Joseph
Hercule Touchette. Le curé
« temporaire » demeura en
poste pendant plus de 50
ans, soit à compter de 1897
lors du grand incendie qui a
dévasté le village, jusqu’en
1953. Archives familiales de
Gérald Racine.
À droite : Assiette
« calendrier » 1915 provenant
de mon grand-père J. A.
Carrière, marchand général.
Archives familiales Carrière.
D’autres parcours nous menaient vers la rue Principale
(Sainte-Euphémie) en direction du foyer portant le
même nom, qui avait déjà servi de salle de quilles.
En fait, cet établissement avait appartenu à Émile
Charrette, le beau-père de Jean-Paul Desjardins,
pharmacien connu de la Basse-Ville d’Ottawa.
L’édifice fut ensuite converti en foyer pour aînés
De là, nos trajets variaient au gré de nos espadrilles. par Ovila Racine et Melissa Richer. Leur fils, Percy
Racine et son épouse Fleurette prirent la relève
Certains parcours nous menaient vers la rue Dollard de l’institution qui deviendrait éventuellement le
non loin de la fromagerie où le gros sac de curds se Casselman Nursing Home. L’édifice a depuis fait place à
vendait pour 50 cennes. Nous en bavions des ronds des condominiums.
de chapeau juste à frôler l’édifice. La coopérative
(fromagerie et crèmerie) fut construite en 1926 On se retrouvait ensuite devant le IGA de Lucien
par Valmire Bourbonnais. En 1956, la compagnie Racine fondé en 1936, où la clientèle pouvait à la
Loeb d’Ottawa acheta l’entreprise, pour la vendre fois s’approvisionner de fusils de chasse, de denrées
quatre ans plus tard à Kraft Co. Ltd. Au milieu des alimentaires et… de savoureux potins. On s’arrêtait
années 1960, ce fut la fin de l’aventure et la compagnie ensuite devant l’église Sainte-Euphémie où nous
ferma ses portes. professions notre foi. Elle était située de biais avec
la maison funéraire construite sur le terrain où le
Nous hâtions ensuite le pas vers le dépanneur de magasin général de mon grand-père paternel, Joseph
Damien Clément situé sur la rue Saint-Joseph Nord, Antonio Carrière, avait jadis été édifié et qui avait
où l’on s’empiffrait de bonbons mélangés à une cenne. été ravagé par l’incendie de 1919. Damase Racine,
Nos cousines habitaient non loin de là. Leur père, mon député provincial à l’époque et propriétaire d’un
oncle Gabriel Carrière, s’était lancé en politique locale commerce situé non loin de celui de mon aïeul, avait
en 1965, d’abord comme membre du conseil municipal fait appel aux pompiers d’Ottawa lors de cet incendie.
de Casselman, puis comme maire du village de 1967 La brigade arriva… en train. Son magasin, l’église et
à 1969, avant de devenir préfet des Comtés unis de la banque furent épargnés de justesse, alors que le
Prescott et Russell. magasin de mon ancêtre et d’autres établissements
avoisinants furent complétement détruits.
Ensuite, on bifurquait vers les vestiges de l’ancien
barrage et de la centrale électrique érigés par Si mon enfance fait partie de souvenirs lointains et
Joseph Napoléon Coupal, dans l’espoir d’y faire de évanescents, mon époux et moi habitons aujourd’hui
merveilleuses découvertes. En 1908, cette centrale tout près du chalet familial, dans le village de mon
avait alimenté sa meunerie, sa résidence et quelques père où nous nous sommes mariés, où le train se fait
maisons avoisinantes. Quatre ans plus tard, elle encore entendre au quotidien, où la rivière recueille
fournissait l’électricité à l’ensemble du village. nos larmes de joie et de tristesse, et où de merveilleux
souvenirs foisonnent et se bousculent…
48 LE CHAÎNON, HIVER 2021