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MÉMOIRES

Le pensionnat contrairement à ce qu’elle deviendra plus tard,
l’histoire est l’un des sujets les moins captivants. Le
À l’automne 1950, le collège des Oblats, ancêtre cours m’apparaît ni plus ni moins un enchainement
de l’Université d’Ottawa, devient le centre de d’événements et de traités non reliés les uns aux autres
mon univers pour les quatre prochaines années. où l’aspect humain est entièrement négligé.
Pensionnaire, j’allais acquérir des connaissances et
développer des aptitudes qui me serviront pour le Tout autre est mon appréciation de la langue et de la
reste de ma vie.
littérature françaises. La façon propre au professeur
Lacombe de présenter certains ouvrages, dont les
Sous la férule de ces hommes en robes noires la contes d’Alphonse Daudet et les fables de La Fontaine
discipline est sévère : obéissance à la règle, conduite donnent à ces récits une valeur impérissable. Et sous
exemplaire, effort soutenu au travail, esprit d’équipe, l’autorité du professeur French, mon apprentissage
notions de partage. Au-delà de la transmission de la langue anglaise connait un intérêt équivalent,
de connaissances intellectuelles, nos éducateurs lui qui présente de captivants récits d’auteurs tels que
s’efforcent également de stimuler nos talents naturels Charles Dickens.
et nos dons artistiques.

Activités extra-curriculum
L’horaire est chargé. La journée commence à six heures
du matin par un brin de toilette devant d’étroits Le développement esthétique, culturel et physique
lavabos froids; la messe est suivie du petit déjeuner. fait également partie des éléments indispensables à
Ensuite, une série de cours rythment la journée, notre formation intégrale. Les pères oblats ne lésinent
entrecoupés de repas, de récréations et de sessions pas pour offrir des installations parmi les plus
d’étude. enviables. La salle académique, où ont lieu concerts
de musique, pièces de théâtres et débats oratoires, est
Quiconque enfreint le temps de silence est susceptible l’une des plus convoitées. Et pour une large gamme de
de recevoir des coups de lanière, voire une mauvaise disciplines sportives, le stade de football, le gymnase
note à son bulletin mensuel. La tenue vestimentaire de basketball et le terrain de baseball sont des
doit être impeccable, le port de la cravate recommandé aménagements valorisés.
et les jeux d’argent, l’alcool, la cigarette et les
blasphèmes interdits. Parmi mes souvenirs inoubliables, figurent les joutes
oratoires organisées par la Société de débats français.
L’enseignement S’exprimer avec aisance et conviction devant un
auditoire fait partie des qualités requises en vue
En classe j’obtiens de bons résultats sans toutefois de notre développement. En 1953, l’un des sujets
exceller dans aucune matière. À l’époque, proposés, Mieux vaut pauvreté que richesse, m’intéresse
vivement; avec trois camarades nous
acceptons de débattre du sujet. Partisans
de la richesse, sans trop de difficulté,
par décision unanime du jury, nous
l’emportons et l’honneur me revient en
tant que meilleur orateur de la soirée.

Les activités sportives me procurent
aussi d’agréables moments. Le basketball
étant l’une de mes disciplines préférées,
j’adhère à l’équipe inter-collégiale qui
affronte les autres formations de la ligue,
notamment l’école secondaire St. Patrick,
Fisher Park High School et Ottawa Tech.
Et en 1954, je remporte le trophée du
meilleur joueur de mon équipe.
Classe secondaire 1, accompagnée du titulaire Honorius Lacombe. Bernard est dans la
1 rangée, troisième de la gauche. Source : Collection personnelle.
re
56 LE CHAÎNON, HIVER 2021