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MÉMOIRES
Équipe de natation de l’Université, 1956. Bernard est dans la La Faculté des arts de 1931 à 1956, située derrière le pavillon Tabaret sur la rue
re
1 rangée, deuxième de la droite. Source : Collection personnelle. Waller. Source : Yvan G. Lepage, La Faculté des arts, d’hier à demain, 1889-2001,
Presses de l’Université d’Ottawa, 2001, p. 29.
Écoliers aux horizons variés Au retour, nous faisons un arrêt à sa ferme agricole,
le long de la route #2, la Kings Highway, afin de saluer
Peu de collèges se flattent d’avoir des étudiants le locataire. Après avoir visité l’étable, les ateliers et
provenant d’horizons aussi divers que le nôtre. le jardin maraîcher, nous poursuivons vers le chalet,
Certains proviennent de familles anglophones, où tante Berthe, son épouse, nous attend avec un
d’autres sont des francophones de Montréal, Québec, savoureux repas, composé des légumes frais du jardin
Chicoutimi et Valleyfield. D’autres encore, des de la ferme.
Franco-Ontariens de Windsor, Sudbury et Timmins.
Et quelques-uns viennent même d’Edmundston. Vers le baccalauréat
Compte tenu d’antécédents scolaires et linguistiques
forts variés, nous sommes répartis dans des classe À l’automne 1954, je fais mon entrée à la Faculté des
distinctes. Quoiqu’il en soit, côtoyer des étudiants aux arts, aménagée dans une ancienne école derrière
parcours aussi divers s’avère très enrichissant. le pavillon Tabaret. L’immeuble est familièrement
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désigné le « poulailler », tellement il est vétuste .
Grandes vacances d’été…
Dès la rentrée, la semaine d’initiation est l’événement
À la fin de l’année scolaire, je trépigne d’impatience incontournable auquel les étudiants sont soumis.
de filer vers le chalet de mes parents sur la rive du Déjeuners-causeries, débats oratoires, soirées
fleuve Saint-Laurent; fleuve séduisant en toute saison, musicales et activités sportives font partie du
où jadis naviguaient coureurs des bois, explorateurs programme permettant d’échanger avec professeurs
et marchands de fourrures. Quelle joie d’explorer les et étudiants.
îles désertes, de chasser le petit gibier dans les marais
environnants et de manœuvrer ma barque autour des La qualité de l’enseignement compense la vétusté
courants impétueux au milieu de la rivière! de l’immeuble. Peu doué pour les mathématiques, je
m’emballe pour les lettres françaises. Le professeur
Mais l’été n’est pas que gaieté et loisir. Mon oncle, René de Chantal sait me faire découvrir et apprécier
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Arthur Chevrier, qui habitait un chalet à côté du nôtre, les grands classiques, notamment Molière, Corneille
me prit comme apprenti. Propriétaire d’un commerce et Racine. La littérature anglaise m’attire également.
d’aliments en gros, il m’amène à son lieu de travail, Avec une charmante bonhomie, le professeur Emmett
dans la cité de Cornouailles . Là, il m’initie aux notions
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élémentaires de la comptabilité d’entreprise. Guidé
par cet ancien président de la Chambre de commerce 2 La Faculté sera relogée dans le pavillon Simard, inauguré le 1 octobre
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et du club Kiwanis, et conseiller municipal, je fais la 1956. Yvan G. Lepage, La Faculté des arts, d’hier à demain, 1889-
2001, Presses de l’Université d’Ottawa, 2001, p. 28.
connaissance de notables du monde des affaires lors 3 René de Chantal, Professeur à la Faculté des arts, Université d’Ottawa,
de déjeuners-causeries. 1951-1962. Doyen, Faculté des arts, Université de Montréal, 1967-
1971. Doyen, Faculté des arts et des sciences, 1971-1975. Vice-recteur
1 Les Cornouailles, version française de Cornwall, sont un comté sauvage aux études en 1975. Attaché culturel à l’Ambassade du Canada à Paris,
du Royaume-Uni, situé à l’extrême sud-ouest de la Grande-Bretagne. 1975-1983. Prix Broquette-Gouin de l’Académie française.
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