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NOTRE COMMUNAUTÉ, NOS INSTITUTIONS
Je me souviens...
Nous étions en janvier 1969 et je me souviens des cérémonies entourant le
changement de nom de la ville d’Eastview à Vanier. J’avais 16 ans à l’époque
e
et j’étais en 12 année.
Mon père nous avait raconté comment l’idée de ce changement avait germé
dans sa tête. Les maires de la région avaient été invités à un cocktail chez
le gouverneur général à l’occasion du centenaire de la Confédération. Mon
Diane (Grandmaître) Lajoie père, maire d’Eastview, y assistait avec ma mère. Ils devaient y rencontrer
la reine Elizabeth et le prince Philip, invités d’honneur. Je me rappelle ma
mère pratiquant dans la cuisine son « curtsy » (sa révérence); je le faisais avec
Diane Lajoie est la fille elle et nous en riions. Mon père a pu « jaser » avec le prince qui s’informait
de Gérard Grandmaître. sur la ville. Il lui expliqua que c’était le « French heart of Ottawa », avec une
Enseignante à la retraite, elle population à majorité francophone. Il mentionna aussi que nous avions la vue
a toujours été intéressée par à l’est sur la Tour de la Paix. Mais le prince Philip rétorqua que c’était plutôt
la généalogie familiale et le une situation géographique et que le nom était plutôt anglophone. Mon père
patrimoine franco-ontarien. l’approuva et un changement de nom commença à se dessiner...
Il n’était pas le seul à penser à un nouveau nom. Quand le nom du général
Vanier a été suggéré, mon père a tout de suite acquiescé, car il avait déjà un
lien avec cet homme. En effet, mon père avait fait son entraînement militaire
à Valcartier en 1945. Le général Vanier y était responsable de la formation des
recrues et mon père garda une grande admiration pour lui. Le choix s’imposa
donc d’emblée, étant donné aussi le décès récent du général en avril 1967.
Pour ma part, j’avais eu la chance de serrer la main du général Vanier à
l’inauguration du cénotaphe des anciens combattants à Janeville en novembre
1966. Je me rappelle que ma mère m’avait bien indiqué de ne pas enlever
mon gant pour lui donner la main. De retour à la maison, je m’étais juré de
Pauline Vanier en visite chez Gérard et ne « jamais laver ce gant ». Pour une petite fille de 13 ans, c’était comme
Rita Grandmaître en 1969. Collection rencontrer la royauté...
familiale.
Donc en janvier 1969, les célébrations
entourant le nouveau nom de Vanier
se déroulèrent dans la joie. Durant
toute une fin de semaine, il y avait des
me
festivités et M Pauline Vanier, veuve du
général, fut l’invitée d’honneur. Dans sa
gentillesse envers la famille, elle accepta
de venir passer la soirée chez nous. Elle
arriva après le souper pour la veillée et
malgré une journée bien remplie. Elle
a pris le temps de s’asseoir avec moi,
de s’informer de mes études et de mes
intérêts. J’étais très émue et gênée, mais
honorée. Elle accepta même, et bien
simplement, de se prêter à des prises de
photos avec nous. Quelle grande dame!
J’en garde un souvenir mémorable... et
une très grande fierté!
LE CHAÎNON, ÉTÉ 2020 57