Page 63 - chainonEte2020
P. 63
LES TRÉSORS DU CRCCF
les communautés religieuses, féminines surtout, dont le chemin du couvent
le nombre ne cesse de croître, se spécialisent dans des des Saints-Anges,
domaines bien précis : éducation, soins hospitaliers, rue Elm, à Sudbury, à
services sociaux et communautaires. Les Sœurs de la l’invitation pressante
Charité d’Ottawa en sont un bel exemple. En 1845, de ma compagne
six religieuses arrivent de Montréal pour diriger une amie, Sœur Simone
première école bilingue et prendre en charge l’hôpital Reny ».
général d’Ottawa. Entre 1878 et 1967, elles ouvrent
près de 40 écoles, six hôpitaux, un orphelinat et un Malgré son
refuge dans l’Est et dans le Nord de l’Ontario. Le épuisement,
CRCCF conserve précieusement le fonds d’une des elle continue de
leurs. s’engager pour la
cause, notamment
Sœur Charles-Auguste, née Simone Gamache, voit le lorsqu’elle contribue
jour en 1912 à Ottawa. Elle prononce ses vœux chez à la création du
les Sœurs de la Charité d’Ottawa en 1930, pour se journal franco-
lancer dans une carrière d’enseignante pendant 40 ans. ontarien Le Voyageur
Son fonds d’archives regorge de correspondance qui à Sudbury, dont
décrit ses tâches et ses occupations entre 1930 et 1968, elle est nommée
particulièrement dans les années 1960, lorsqu’elle est rédactrice en 1968 : Simone Gamache, rédactrice du Voyageur
très active au sein de l’Association des enseignants « […] Quelques en 1968. CRCCF, Fonds Simone-Gamache,
franco-ontariens. Simone Gamache a elle-même fait semaines avant P172-Ph100-1.
don de son fonds d’archives au CRCCF en 1980. Son Pâques, M. Emile Guy, président d’un nouvel
journal personnel comprend des notes généalogiques, hebdomadaire, en remplacement de l’Information
un récit autobiographique, de la correspondance qui cessait de paraître, vint me supplier au nom
personnelle et professionnelle, des discours et des directeurs du journal d’en prendre la rédaction.
allocutions, des témoignages d’étudiants et des Pressée et émue tout à la fois par l’urgence de
coupures de presse. la situation et par le dévouement de ces gens
Ce journal résume bien son enfance, ses premières désintéressés, je me laissai gagner ». À travers les
années d’école et son entrée en religion. Enfant, elle documents de son fonds, le chercheur apprend
perd successivement sa mère, puis son père, ce qui beaucoup sur son travail, sur la bataille qu’elle a
explique pourquoi elle conserve des liens étroits avec menée pour faire ouvrir un jardin d’enfants à Pain
les religieuses qui l’accueillent et entre, très jeune, Court, sur les vidéos qu’elle a produits pour améliorer
dans la communauté : « […] j’entrai au Noviciat l’écriture des jeunes Franco-Ontariens et sur son
er
des Sœurs Grises, le 1 août 1928, à l’âge de 16 ans engagement auprès de l’Association des enseignants
et 3 mois. Je terminai presque seule les 11 , 12 et franco-ontariens.
e
e
13 années durant les vacances. Après mes premiers Conclusion
e
vœux, l’on m’assigna une classe, tout en continuant
à étudier. Je suis demeurée avec bonheur 40 ans L’histoire de l’Église catholique en Ontario français
dans le domaine de l’Education; vingt ans comme est d’abord celle, plus personnelle, des milliers
e
titulaire de classes de la 5 année à la 10 année et vingt d’individus qui ont œuvré à implanter et à répandre
e
ans comme directrice, à Pain-Court, à Sudbury et à la foi catholique sur le territoire. Ces femmes et ces
Ottawa. C’est alors que ma santé fléchissant toujours, hommes se sont dévoués à la cause et ont grandement
je quittai avec regret définitivement l’enseignement » contribué à solidifier la société franco-ontarienne.
(P172/1/2). Année après année, son dévouement Leurs documents d’archives nous les dévoilent de
envers la cause franco-ontarienne ne cesse de prendre manière parfois très intime et nous offrent la chance
de l’ampleur et, malheureusement, affecte sa santé : de plonger dans leur quotidien. C’est en puisant dans
« Après ma démission comme directrice à l’école les nombreux fonds d’archives religieux et en croisant
Genest, fin de janvier 1968, je dus être hospitalisée les différents récits que nous pourrons reconstituer
et condamnée de nouveau au repos complet avec l’histoire religieuse de l’Ontario français et, surtout, en
diagnostic d’épuisement général. De nouveau, je pris faire une histoire plus complète et plus inclusive.
LE CHAÎNON, ÉTÉ 2020 61