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LES TRÉSORS DU CRCCF




            les communautés religieuses, féminines surtout, dont   le chemin du couvent
            le nombre ne cesse de croître, se spécialisent dans des   des Saints-Anges,
            domaines bien précis : éducation, soins hospitaliers,   rue Elm, à Sudbury, à
            services sociaux et communautaires. Les Sœurs de la   l’invitation pressante
            Charité d’Ottawa en sont un bel exemple. En 1845,    de ma compagne
            six religieuses arrivent de Montréal pour diriger une   amie, Sœur Simone
            première école bilingue et prendre en charge l’hôpital   Reny ».
            général d’Ottawa. Entre 1878 et 1967, elles ouvrent
            près de 40 écoles, six hôpitaux, un orphelinat et un   Malgré son
            refuge dans l’Est et dans le Nord de l’Ontario. Le   épuisement,
            CRCCF conserve précieusement le fonds d’une des      elle continue de
            leurs.                                               s’engager pour la
                                                                 cause, notamment
            Sœur Charles-Auguste, née Simone Gamache, voit le    lorsqu’elle contribue
            jour en 1912 à Ottawa. Elle prononce ses vœux chez   à la création du
            les Sœurs de la Charité d’Ottawa en 1930, pour se    journal franco-
            lancer dans une carrière d’enseignante pendant 40 ans.   ontarien Le Voyageur
            Son fonds d’archives regorge de correspondance qui   à Sudbury, dont
            décrit ses tâches et ses occupations entre 1930 et 1968,   elle est nommée
            particulièrement dans les années 1960, lorsqu’elle est   rédactrice en 1968 :   Simone Gamache, rédactrice du Voyageur
            très active au sein de l’Association des enseignants   « […] Quelques     en 1968. CRCCF, Fonds Simone-Gamache,
            franco-ontariens. Simone Gamache a elle-même fait    semaines avant       P172-Ph100-1.
            don de son fonds d’archives au CRCCF en 1980. Son    Pâques, M. Emile Guy, président d’un nouvel
            journal personnel comprend des notes généalogiques,   hebdomadaire, en remplacement de l’Information
            un récit autobiographique, de la correspondance      qui cessait de paraître, vint me supplier au nom
            personnelle et professionnelle, des discours et      des directeurs du journal d’en prendre la rédaction.
            allocutions, des témoignages d’étudiants et des      Pressée et émue tout à la fois par l’urgence de
            coupures de presse.                                  la situation et par le dévouement de ces gens

            Ce journal résume bien son enfance, ses premières    désintéressés, je me laissai gagner ». À travers les
            années d’école et son entrée en religion. Enfant, elle   documents de son fonds, le chercheur apprend
            perd successivement sa mère, puis son père, ce qui   beaucoup sur son travail, sur la bataille qu’elle a
            explique pourquoi elle conserve des liens étroits avec   menée pour faire ouvrir un jardin d’enfants à Pain
            les religieuses qui l’accueillent et entre, très jeune,   Court, sur les vidéos qu’elle a produits pour améliorer
            dans la communauté : « […] j’entrai au Noviciat      l’écriture des jeunes Franco-Ontariens et sur son
                                er
            des Sœurs Grises, le 1  août 1928, à l’âge de 16 ans   engagement auprès de l’Association des enseignants
            et 3 mois. Je terminai presque seule les 11 , 12  et   franco-ontariens.
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            13  années durant les vacances. Après mes premiers   Conclusion
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            vœux, l’on m’assigna une classe, tout en continuant
            à étudier. Je suis demeurée avec bonheur 40 ans      L’histoire de l’Église catholique en Ontario français
            dans le domaine de l’Education; vingt ans comme      est d’abord celle, plus personnelle, des milliers
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            titulaire de classes de la 5  année à la 10  année et vingt   d’individus qui ont œuvré à implanter et à répandre
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            ans comme directrice, à Pain-Court, à Sudbury et à   la foi catholique sur le territoire. Ces femmes et ces
            Ottawa. C’est alors que ma santé fléchissant toujours,   hommes se sont dévoués à la cause et ont grandement
            je quittai avec regret définitivement l’enseignement »   contribué à solidifier la société franco-ontarienne.
            (P172/1/2). Année après année, son dévouement        Leurs documents d’archives nous les dévoilent de
            envers la cause franco-ontarienne ne cesse de prendre   manière parfois très intime et nous offrent la chance
            de l’ampleur et, malheureusement, affecte sa santé :   de plonger dans leur quotidien. C’est en puisant dans
            « Après ma démission comme directrice à l’école      les nombreux fonds d’archives religieux et en croisant
            Genest, fin de janvier 1968, je dus être hospitalisée   les différents récits que nous pourrons reconstituer
            et condamnée de nouveau au repos complet avec        l’histoire religieuse de l’Ontario français et, surtout, en
            diagnostic d’épuisement général. De nouveau, je pris   faire une histoire plus complète et plus inclusive.


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