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LES TRÉSORS DU CRCCF

Lettre du père
Joseph-R.
La religion fait partie intégrante de l’histoire de Richard à
l’Ontario français, particulièrement aux XIX et sa sœur
e
Alphonsine
e
XX siècles, et il est donc impensable d’écrire son Richard,
histoire en la détachant de celle de l’Église; l’une Sudbury,
et l’autre s’entremêlent dans une ligne du temps 12 décembre
ponctuée d’événements et de personnages significatifs. 1918. CRCCF,
Fonds Famille-
Au Centre de recherche en civilisation canadienne Richard,
française (CRCCF), plusieurs fonds d’archives P294/1/1.
permettent de retracer l’évolution religieuse de la
province, ou du moins d’en dessiner quelques facettes.
Au fil du temps, plusieurs paroisses, communautés
religieuses, associations laïques, membres du clergé,
religieux et religieuses ont confié des documents au
centre. Conscients de la valeur de ce patrimoine – de
la lumière qu’ils pouvaient apporter aux chercheurs –,
ces donateurs ont permis de pérenniser tout un pan de
l’histoire religieuse de l’Ontario français.

Je vous invite à découvrir ici trois fonds d’archives
reliés à l’Église catholique en Ontario français : J.J. Léonidas et à sa sœur Alphonsine. Le père Richard
le fonds de la famille Richard (parmi lequel nous couche sur papier ses activités quotidiennes, les
retrouvons les documents du père Joseph-Richard malheurs qui le clouent au lit, sa vieillesse qui se
Richard, s.j.), le fonds de la paroisse Sainte-Anne fait de plus en plus sentir, la montagne de travail
d’Ottawa et le fonds de sœur Simone Gamache, sco. qui s’accumule tandis qu’il est seul pour répondre
Ces fonds vous permettront de mieux comprendre aux besoins d’une très grande région. Ses lettres
comment l’Église catholique s’est implantée dans offrent, sans retenue, un portrait fidèle de la vie d’un
e
certaines régions de l’Ontario grâce à l’apport missionnaire dans la première moitié du XX siècle,
des missionnaires, comment elle s’est par la suite au cœur de contrées ontariennes souvent isolées.
institutionnalisée par l’entremise des fondations Le 12 décembre 1918, par exemple, il donne de ses
de paroisses et de diocèses, et comment elle s’est nouvelles à sa sœur et en profite pour décrire sa
spécialisée à travers les différentes missions des mission: « […] Depuis le mois d’octobre, je suis curé
communautés religieuses féminines. de Byng Inlet, paroisse d’à peu près 300 familles
catholiques, et dessers en outre quelques postes
L’élan missionnaire en Ontario sauvages. Shawanaga, Kabekanang, Kitchi Kitiganing,

Né à Saint-Jérôme en 1854, Joseph-Richard Richard French River, Maganetawang, etc. » (P294/1/1).
fait son noviciat et ses études avancées au Sault-au- Leurs liens fraternels semblent très forts, car il lui
Récollet (Montréal). Devenu missionnaire jésuite en écrit régulièrement. Dans la lettre suivante, datée du
1878, il reçoit son ordination sacerdotale en 1886 et 15 janvier 1919, il lui confie ses récents problèmes de
se consacre dès lors aux missions amérindiennes en santé : « […] La semaine dernière nous avons eu un
Ontario. Ce choix s’inscrit dans une longue tradition, grand froid et une grosse tempête de neige avec un
puisque les Jésuites sont présents sur le territoire vent très violent. Le tout a duré quatre jours et durant
ontarien dès 1626. D’abord missionnaires auprès des tout ce temps j’ai eu à courir à des malades chez les
Hurons, ils vont vite essaimer un peu partout dans le sauvages des bois, où j’ai passé trois nuits dans une
sud et le nord de la province pour fonder paroisses et masure où le vent et la neige avec le froid entraient de
collèges, notamment à Sudbury. Très rapidement, le tous les côtés. J’aurais pu y attraper plus de mal, j’en
père Richard se dévoue aux missions de Garden River, suis quitte pour un rhume pour lequel il me faudra
de Wikwemikong, de Sault-Sainte-Marie, de Byng me soigner pendant quelques jours » (P294/1/2). Être
e
Inlet, de Spragge et de Spanish, entre 1886 et 1948. missionnaire au début du XX siècle ne semble pas être
Alors à la retraite, il s’installe au Jesuit Novitiate of une mince tâche.
St. Stanislaus à Guelph, où il décède en 1954.
À quelques reprises, le père Richard admet se sentir
Le fonds de la famille Richard comprend surtout coupable de ne pas assez écrire aux membres de sa
des lettres de Joseph-Richard adressées à son frère communauté, non pas par mauvaise volonté, mais

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