Page 407 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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366                 LA COLONISATION DE LA

          des actes passés devant notaire et par lesquels les associés s'engageaient
          à remettre aux chefs de canton une partie du terrain qui leur avait,
          été concédé, étaient préparées par le procureur général du temps,
          l'honorable Jonathan Sewell, imprimées et vendues publiquement à
          Québec, et le principal agent de tout ce trafic était l'assistant arpenteur
          général, John Collins.
               Les réponses au questionnaire adressé aux curés qui furent déposées
          en Chambre à la session de 1822, venaient confirmer les conclusions du
          comité d'énquête, sur les grands désavantages de la tenure en franc
          et commun     socage.  Dans presques toutes les paroisses les fermes
          avaient été divisées et sudivisées à l'extrême; cependant, des fils de
          famille, en grand nombre, n'avaient pu trouver place auprès de leurs
          parents et désiraient aller s'établir sur des terres neuves.    Dans la
          seigneurie de Beaupré, plusieurs de ces jeunes gens alla\ent dans les
          seigneuries situées le long de la rivière Richelieu, dans les paroisses
          de Saint-Hyacinthe, de Ste-Marie-de-Monnoir et de l'Acadie; d'autres
          allaient dans les paroisses de Saint-Roch et de Saint-Jacques-de-
          l'Achigan, dans la seigneurie de l'Assomption et de Saint-Benoît, dans
          la seigneurie· du lac des Deux-Montagnes.      (Témoignage de Messire
          Jérôme Demers, dans le premier rapport).    Les jeunes gens des paroisses
          de la Rivière-Ouelle et de Kamouraska allaient, depuis au-delà de vingt
          ans, s'établir dans les paroisses de la Rivière-du-Loup (en bas), de
          Cacouna et des Trois-Pistoles. (Réponse de Mgr Panet, évêquedeSaldes
          et curé de la Rivière-Ouelle).
               Aucun n'allait dans les cantons nouveaux.      Si ces jeunes gens
          n'allaient pas s'établir dans les cantons, disaient les curés, c'est parce
          qu'on y avait adopté un mode de concession des terres qui ne leur
          convenait pas, et qui était à l'encontre de leurs habitudes .sociales et
          religieuses.  Tous les curés voyaient un grand obstacle à l'établisse-
          ment des cantons dans la manière dont y étaient déposées les réserves
          du clergé et de la Couronne (5).
               Nos gens, disaient-ils, ne sont pas assez fortunés pour ouvrir des
          chemins sur ces lots réservés, et puis, pourquoi de si grandes réserves
          pour le clergé protestant quand on ne donne rien au clergé catholique?
          comment nos gens pourront-ils bâtir des écoles catholiques? ils seront
          forcés d'envoyer leurs enfants aux écoles protestantes, que l'on ne
          manquera pas d'installer dans ces cantons.    "On refuse à notre clergé
          son influence sur nos écoles, pour la donner à des ministres protestants,
          que serait-ce donc dans les cantons?" écrivait M. François Painchaud,
           le futur fondateur du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (6).
               On peut s'imaginer que cette critique de la tenure en franc et
          commun socage n'eut pas le don de plaire à tous.     Un correspondant


               (5) Lettre'i de~ curés des paroisses respectives du Bas-Canada dont il est fait mention dans le cinquième rapport
          idu Comité Spécial sur les Terres incultes de la Couronne; imprimées en conformité à l'ordre de la Chambre d'Assemblée.
           n-12.  p 123.
               Ces réponses ont été condensées dans un tableau dont nous donnons une copie ci-contre.
               (6) M. Painchaud, dans Je moment. faisait une violente campagne contre le sYiltùme des écoles dites de Lan-
          oaster, qu'on votllait implanter danl la province et contre l'éducation n~utre en général.
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