Page 404 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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PROVINCE DE QUEBEC (1821)                         363

             M. Christie attribuait le peu de progrès de cette région au fait que
        les habitants n'avaient pas encore obtenu des titres légaux de possession,
        et "n'avaient pu en conséquence travailler sur des terres dont ils n'étaient
        pas assurés de jouir."
             La grande région de Chicoutimi et du lac Saint-Jean, comprise dans le
        domaine du Roi, affermé depui:;; 1803 à la compagnie du Nord-Ouest,
        était encore complètement inhabitée.     M. Taché, député de Corn-
        wallis, qui connaissait bien ce pays, pour l'avoir parcouru dans l'été
        de 1806, depuis Chicoutimi jusqu'au grand lac Mistassini, disait dans
        son témoignage, qu'il avait remarqué que.le climat yétaitaussi beau que
        celui de Québec, et que le sol y était extrêmement riche, surtout, autour
        du lac Saint-Jean.   Les Jésuites s'étaient autrefois occupés de culture
        dans leur établissement du lac Saint-Jean, où on voyait les traces des
        sillons de la charrue, sur une étendue de quatre cents acres en superficie,
        maintenant recouverte d'une nouvelle végétation d'arbres.
             Au témoignage de M. Angus Brownson. un marchand de bois des
        Trois-Rivières, toutes les terres situées au nord des seigneuries allant
        de Champlain à Berthier, étaient propres à la culture jusqu'à une dis-
        tance de quarante-cinq milles du fleuve.  Toute cette immense étendue
        de terrain était encore sans habitants.   On se rappelle que sur l'invi-
        tation de la "Société des Emigrés", sir John Coape Sherbrooke avait éta-
        bli un certain nombre d'émigrés, cent cinquante familles, écrivait-il à
        lord Bathurst, sur des terres cédées par les commissaires des biens des
        Jésuites, dans la seigneurie de Saint-Gabriel, à Valcartier, et que lord
        Dalhousie avait envoyé aussi quelques émigrés dans les cantons de
        Kilkenny, de Kildare et de Rawdon, en arrière des seigneuries de l'As-
        somption, de Saint-Sulpi ce et de Lavaltrie.   Ces essais de c.)lonisation
        n'avaient pas eu tout le succès qu'on en espérait. Toutdemême, M. Richard
        Coughtrie, un émigré lui-même, déclarait qu'il y avait, en 1821, dans
        l'établissement de Valcartier, une population de 182 âmes; 958 acres de
        terre y avaient été défrichées, depuis 1817.     Quant aux cantons de
        Kilkenny, de Kildare et de Rawdon, M. Michel Prevost, député de
        Leinster, et MM. Jacques Deligny et Alexis Mousseau, députés de
        Warwick, déposèrent que les propriétaire'> de ces cantons refusaient d'y
        faire des concessions de terres.  Une seule famille anglaise s'était établie
        dans le canton de Kilkenny, quelques familles canadiennes françaises
        cultivaient des terres sans avoir de titres légaux, dans le canton de
        Kildare, en arrière de la seigneurie de Lavaltrie.
             Le témoignage le plus intéressant fut celui de M. Philémon Wright.
        Etabli dans le canton de Hull depuis vingt-trois ans, il avait fait un
        travail immense; des colons sérieux l'avaient suivi, et l'établissement
        de Hull comptait maintenant 703 âmes.         A la que'>tion suivante:
        "Croyez-vous qu'il y ait quelque étendue considérable de pays suscep-
        tible de culture, derrière les établissements actùels au nord de la rivière
        des Outaouais"?    M. Wright avait répondu: "Oui, je crois que le pays
        est propre à faire des Etablissements en haut de la rivière des Outaouais
        jusqu'à environ cent milles, même toute la rive Nord depuis la Rivière
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