Page 69 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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54           LA COLONISATION DANS QUEBEC

            tor pour 470,000 livres d'argent comptant.   De plus, la nouvelle com-
            pagnie aura Je privilège de vendre les castors en peau, en poil, ou en cha-
            peaux, dans la Hollande, la Suède, le Danemark, les villes Anséatiques,
            les ports de la mer Baltique et la Moscovie, en payant le quart en espèces
            de tous les dits castors au fermier du domaine d'Occident (1).
                Les délégués reviennent pleins d'enthousiasme.  La compagnie de la
           colonieest vite constituée, avec un capitalde 287,377,175 livres;elle acquiert
           les droits de la compagnie du Nord et le privilège de la traite dans les pos-
           tes de Détroit et de Frontenac.  Tous les personnages importants pren-
           nent des actions; les directeurs sont les sieurs d'Auteuil, de Lotbinière,
           Riverin, Hazeur, Gobin, Macart, Aubert de la Chenaye et de Lino (2).
            Ces deux derniers sont chargés de diriger les affaires de la compagnie en
           France.   Le 26 février 1701, ils concluent un traité à Paris avec les sieurs
           Jean Pasquier, Nicolas Bourlet et Nicolas Goye, pour la vente des castors
            de la compagnie.   Ces derniers auront le droit exclusif de cette vente,
            tant en France qu'à l'étranger, moyennant une commission de 5% sans
            frais à Paris, de 3,000 livres pour loyer de magasin et entrepots et 2%
            pour autres frais.  Les dits agents feront à la compagnie de la colonie
            toutes les avances nécessaires au taux de 8% d'intérêt (3).
                Les affaires marchent à merveille au début; mais bientôt certains
           indices laissent prévoir un désastre prochain; le roi, à la requête de sieur
           de Lino, se décide d'enlever le droit de 25% sur le castor et le remplace
           par un droit sur les draperies, les merceries et les bonneteries (4).
                Soudain, on apprend que les sieurs Goye, Bourlet et Pasquier refu-
            sent d'accepter et de payer les lettres de change.  Ils se plaignent d'avoir
           été obligés de faire des avances prodigieuses.  "Une enquête révèle que la
           compagnie est débitrice vis-à-vis d'eux de neuf cent mille livres" (5).
                Deux des commissaires, les sieurs Bourlet et Pasquier, se retirent
            et le sieur Goye forme une nouvelle société avec les sieurs Dumoulin et
            Mercier (6).    Ceux-ci consentent à payer les lettres de change et à
            acquitter les dettes de la compagnie mais à l'avenir ils n'avanceront que
            cent soixante mille livres par année, de plus ils n'accepteront que quatre-
            vingt mille livres de castor sec et moscovite tous les ans, à l'exclusion du
            castor gras.
                Les habitants consentent à une réduction du prix du castor, mais ils
            ne peuvent accepter l'exclusion du castor gras, c'est la ruine de la colonie,
            (1704). Sur les entrefaites, les directeurs de la compagnie de la colonie
            déclarent au gouverneur qu'ils sont dans l'impuissance de payer les char-
           ges portées par l'état du roi pour l'année courante.  "Ceci a causé un si
           grand mouvement, écrivent Vaudreuil et de Beauharnois au ministre

                (l)-Arrêt du conseil d'Etat du roi,9 février,1700. Collection Moreau de St-Méry,Vol. 6,fol. 149.
                (2)-Voir; Li!!te générale des intéressés en la compagnie de la colonie et des actions qu'ils y ont
           pr!ses avec une estimation de leur fortune, 1708.  A. C. C. G. 2ème série Carton II, série F. Vol.
           110-110 bis.
                (3)-Sur l'organisation de la compagnie, l'élection des directeurs etc., etc., voir  Collectio'n
            Moreau de St-Méry, Vol. 6 Fol. 192,218,222.
                (4)-Arrêt du conseil d'Etat, 18 avril 1703, Collection Moreau de St-Méry, Vol. 6, fol. 323.
                (5)-Salone, Colonisation de la Nouvelle-France, p. 300.
                (6)-25 septembre, 1703, Collection Moreau de St-Méry, Vol. 6, fol. 343.
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