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52 LA COLONISATION DANS QUEBEC
Commerce du castor (1)
Le principal article de commerce, et pour ainsi dire le seul, était la
pelleterie et surtout la pelleterie de castor qui jusqu'alors avait eu un
bon marché en France.
Les habitants ayant la liberté d'expédier au dehors leur castor,
l'envoyaient à des correspondants en France qui leur en procuraient
la vente; et comme ils étaient bien payés par des lettres de change
tirées sur le trésorier du Royaume, la traite du castor fut bientôt l'unique
objet de leur travail.
Cette marchandise devint si abondante que les marchands, ne pou-
vant plus l'écouler, demandèrent au roi de réunir en une seule main,
·le commerce de la pelleterie qui menaçait ruine.
L'intendant Duchesneau, à la demande du roi, négocia avec les
intéressés et afferma les droits de la traite des pelleteries à Nicolas
Oudiette, premier fermier du domaine d'occident (2). Celui-ci eut le
privilège exclusif d'acheter le castor au Canada et de le vendre en
France. Les habitants avaient la liberté de trafiquer leurs fourrures
aux marchands, mais ceux-ci devaient les apporter aux magasins des
fermiers généraux qui administraient le domaine du roi. Oudiette qui
était chargé de solder une partie des dépenses de la colonie sur le revenu
du domaine, payaient les peaux d'après un prix fixé selon leur qualité
et collectait la taxe de 25% (3) sur le castor et de 10% pour les ori-
gnaux (4).
(l)-Voir sur cette question du commerce du castor les mémoires suivants: 1er mai 1716, mémoire
au sujet des peaux de castor qui se tirent du Canada, par de la Boulaye. A.C.C.G., Vol. 36, fol. 345
25 octobre 1710, mémoire pour le rétablissenent du commerce du Canada, par Délino.
25 janvier 1719, mémoire sur l'état présent du Canda, par R. d'Auteuil, 1715-1719, A.C.C.G,
VO. 40, fol. 241. •
(2)-Arrêt du conseil d'Etat portant permission à Jean Oudiette d'acheter tous les castors du
Canada et de les vendre en France à l'exclusion de tous autres pendant sept années il. commencer du 1er
juin 1675. Arrêt du conseil d'Etat portant adjudication à Jean Oudiette du quart des castors, dixième
des originaux et autres droits du Canada avec faculté d'acheter seul le dit castor et de le vendre en
France. A. C. rég. des dép. Vol. 6, fols. 63 et 65.
(3)-Ce prix fut d'abord Quatre francs et dix sous la livre; peu il. peu ces prix varièrent selon que
le castor était gras ou demi-gras, ou sec, c'est-à-dire de première de seconde ou de troisième qualité.
Le castor sec est la peau de castor qui n'a servi il. aucun usage; le castor gras est celle qui a été portée
par les sauvages, lesquelles après l'avoir bien ~rattée en dedans et frottée avec la mœlle de certains
animaux que je ne connais point, pour la rendre plus maniable, en cousent plusieurs ensemble et en
font une manière de mante qu'on appelle robe et de laquelle ils s'enveloppent le poil en dedans; ils ne la
quittent en hiver ni le jour ni la nuit; le grand poil tombe bientôt le duvet reste et s'engraisse et en cet
état il est bien plus propre il. être mis en œuvre par les chapeliers; ils ne pourraient pas même employer
le sec, s'ils en mettaient un peu de gras. On prétend qu'il doit avoir été porté quinze ou dix-huit mois
pour être dans sa bont6.-Charievoix, Journal d'un voyage en Amérique, p. 99.
(4)-Cette taxe avait été imposée en 1645, quand la compagnie des Cent-Associés avait cédé'
la traite aux habitants. En vertu de l'arrangement de 1645, les Cent-Associés renoncèrent il. leur mono-
pole, (le commerce de la fourrure), mais la communauté des habitants, mi~e en possession de la traite,
dut s'engager à solder les dépenses publiques. A cette fin, on décréta qu'il serait prélevé une contri-
bution d'un quart sur tout le castor apporté aux magasins, et d'un dixième ou de deux sous par livre
suries peaux d'orignaux. Plus tard, en 1664, la compagnie des Indes Occidentales eut la jouissance
de la même taxe et le privilège de la traite, dans la région de Tadousac Qu'on appela le "domaine du roi".
Les revenus de cette taxe et du "domaine du roi" formèrent le "fonds du pays" Qui était employé il.
payer les appointements des gouverneurs, des officiers publics, la solde des pauvres garnisons de Québec,
Montréal et des Trois-Rivières, les pensions aux communautés et autres charges permanentes et annu-
elles. Le tout pouvait s'élever il. 35,000 livres. M. Chapais, l'Intendant Talon, pp. 249, et 250.