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SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE                          49

    chiffre réel de la population?  Vaudreuil et Bégon constatent le fait et
    l'expliquent dans une lettre au ministre (1).
         La colonisation de l'Ile Royale (Cap Breton) qui vient d'être entre-
    prise, à la demande des deux Raudot, active le commerce entre Québec et
    les Iles.  Les navires qui viennent porter les marchandises de France
    dans la colonie, retournent dans ces Iles et en France, emmenant avec
    eux les jeunes gens qui embrassent la carrière de marin; le plus souvent
    ces marins s'établissent dans les endroits où le hasard de la navigation les
    a conduits.
         De plus la course des bois se continue comme autrefois.   En 1696,
    le roi a supprimé les congés (2).   Mais les traitants ne s'effraient pas
    pour si peu; on les menace des galères, ils s'en échapperont en restant
    dans les bois.   Le roi a beau accorder une amnistie .(3) en 1714, les
    absents ne reviennent pas et sont à jamais perdus pour la colonie.
    La Louisiane les a ravis et ne les rend pas; des bords du St-Laurent aux
    rivages du Mexique, il y a une longue suite de postes échelonnés le long
    des grands lacs et du Mississipi; les coureurs des bois s'y établissent, s'y
    marient et y font souche (4).
                                   La Culture.

         Le rêve de Frontenac est réalisé.  Le drapeau fleurdelisé flotte sur
    la plus grande partie du continent nord-américain, mais c'est là une
    gloire qui coûte cher et enlève à la culture des bras vigoureux qui s'y
    emploieraient beaucoup mieux que dans les établissements lointains.
         La deuxième guerre iroquoise en effet a été funeste au développe-
    ment de l'agriculture.  Là où l'iroquois a passé tout est à recommencer.
    Les habitants du district de Montréal et ceux des rives du Richelieu qui
    ont échappé à la hache de ces barbares se sont refugiés à Montréal et aux
    Trois-Rivières.  Pendant dix ans toute culture est abandonnée, les
    champs sont redevenus en friche.    Les chiffres du recensement nous en
    fournissent une preuve concluante.   En 1688, il y avait dans le district
    de Montréal 9,347 arpents de terre en culture; en 1692, il n'yen a plus
    que 7,109 en culture et 1,279 en pâturage; le chiffre baisse encore en
    1695,6,973 arpents en culture et 1,072 en pâturage (5).
         Heureusement que le district de Québec, à raison de sa distance, est
    épargné et continue de progresser.    Là aussi cependant le manque de

         (l)-"Le nombre des garçons, disent-ils, n'est pas proportionné à celui des filles parce que la
    pêche de la morue et la navigation en font sortir un grand nombre qui passent aux Ilesde l'Amérique et
    en France où souvent ils s'établissent. Les voyages chez les nations sauvages donnent occasion à plusieurs
    de rester à Ouabache aux Tamarois ct à la Louisiane qui n'est presque établie que par des Canadiens.
    (Lettre au Ministre, 14 octobre, 1716.)  A.C.C.G., Vol. 36. fol. 27).
         (2)-Déclaration du Roi qui supprime tous les congés pour la traite et condamne les délinquants
    aux galères.  21 mai 1696.  A. C., Colbert, Moreau de St-Mery. Vol. 5, fol. 387.
         (3)-Edits et Ordonnances, Vol. 1er, p. 341.
         (4)-Salone Colonisation de la Nouvelle-France, p. 308
         Sur 1 établissement de la Louisiane par les Canadiens, voir dans la collection Moreau de St·
    Méry, Vol. 25, un mémoire curieux publié en 1756.  L'auteur prévoyant la prise du Canada par les
    Anglais, propose de transporter dans la Louisiane tous les habitants de la Nouvelle-France. On pourra
    prendre trois années pour la transmigration de ceux-ci.  Ce mémoi~eest résumé dans le rapport sur
    les archives pour l'année 1905.  Vol. J, p. 460.
         (5)-Recensement.  Vol. 4, 1870-71, pp. 23, 29, 35.
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