Page 90 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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-Ça ne servirait à rien de s'apitoyer sur le passé : il est écrit
une fois pour toute. C'est demain qui m'inquiète. Jeune, on peut
toujours se débrouiller, mais quand on dépasse le demi-siècle ...
-11 nous reste la santé et, grâce à Dieu, nous ne sommes pas
encore réduits à la mendicité.
-II ne faut pas oublier Pierre, fit Marie. Ses études sont loin
d'être terminées.
- commence à m'inquiéter, celui-là. On dirait, ma foi,
II
qu'il n'est pas de la même génération que ses frères et sœurs.
- Tout change tellement rapidement !
-C'est wai, continue Louis-Philippe, que dans la société
actuelle l'avenir n'est pas tellement rassurant pour les jeunes.
-Ils vieilliront et tout finira par s'arranger. Y a pas de doute
aussi que la société se défendra. Pour ne pas crever de faim, les
gens de 1930 ont colonisé l'arrière-pays, ceux de 1980 trouveront
autre chose.
-Tu crois qu'ils auront plus de succès ?
-Avoue que c'est pas tellement difficile. Peut-être que vingt
ans après, il faudra tout recommencer !
Ils se turent jusqu'à la maison. Quand Marie entra, Louis-
Philippe entendit par la porte entr'ouverte :
-Toi ici ! Mais tu n'es pas à l'école ?
Quand il entra à son tour, Louis-Philippe demanda :
- Qu'est-ce qui se passe ? Tu n'as pas d'école aujourd'hui ?
-On est en grève, répondit le garçon sur un ton neutre,
comme s'il s'agissait d'un événement bien ordinaire.
-En grève ! s'exclama le père. Il manquait plus que ça ! Quel
monde ! Mes aïeux, quel monde !
- J'vois rien d'anormal à ça, répliqua le fils. On a décidé
de retourner en classe quand la commission scolaire nous aura fourni
tous les livres dont on a besoin. Les profs sont d'accord.