Page 122 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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laine.  L'ensemble  était  solidement  retenu  par  des  courroies.  La
                                petite  machine  démarra  dans  une  pétarade  et  elle  se  perdit  bientôt
                                dans la  poudrerie.
                                    Après avoir filé quelques minutes  en  terrain découvert, l'étrange
                                équipage  s'engagea  entre  deux rangées  de  sapins.  À  cet  endroit,  la
                                neige  était  épaisse  et  la  machine  y  pénétrait  comme  un  canot-
                                automobile  dans  une  eau  calme.  Bientôt,  ce  fut  la  descente,  raide
                                parfois  et  toujours  pleins  d'imprévus  à  cette  période  de  l'année.
                                Louis-Philippe  appréhendait  deux  ou  trois  passages  dangereux,  sur-
                                tout  après une  forte précipitaiton  de neige.

                                    Il  avait  parcouru  sans  encombre  la  première  partie  du  trajet.
                                Rendu  à  la  grande courbe, où  le  chemin  frôle un  pan  de  montagne
                                raide  et  dénudé,  il  avait  arrêté  sa  moto-neige.  C'est  l'endroit  le
                                plus  dangereux.  À  mi-chemin  entre  le  sommet  et  la  route,  le  vent
                                accumule  d'énormes  amoncellements  de  neige.  Il  ne  tarda  pas  à
                                remarquer  qu'une  légère  avalanche  avait  comblé  le  chemin,  non
                                loin  du  prochain  détour ; au-dessus,  il  distinguait  des  fissures  dans
                                la  masse  blanche.  À  droite, c'est  le  précipice.
                                    Il jeta  un  coup d'œil  à sa passagère.  Elle  semblait s'être  endor-
                                mie.  Il  jaugea  la  profondeur  du  ravin.  S'il  était  seul,  il  prendrait
                                le  risque  de s'y lancer pour  reprendre  la  route  plus  loin.  Il ne  peut
                                songer  à cette manœuvre  à cause de la précieuse  charge qu'il  remor-
                                que : le traîneau  pourrait  se renverser  nu  s'accrocher  aux arbres.

                                    II prit  alors la  seule décision raisonnable.



                                    Sur  la  montagne,  on  était  sans  nouvelle  depuis  de  longues
                                heures,  et  bientôt  la  brunante  ajouterait  son  voile  sombre  à  celui
                                de la poudrerie.  Dans toutes  les  maisons,  on avait décidé de passer
                                la nuit blanche, dans l'attente d'un  coup de téléphone.  Les raquettes
                                sont  appuyées contre  le mur, près  de  la porte ; des  vêtements  con-
                                fortables  sont  prêts  à  être  enfilés  par  les  hommes  qui  n'attendent
                                qu'un  signal pour  entreprendre  les  recherches.

                                    Dans le  silence  qui remplissait  chaque demeure  et  que le  bruit
                                iiitermittent  de  la  tempête  rendait  encore  plus  dramatique,  certains
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