Page 260 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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pour sa fille; on lui mettait ensuite un bandeau sur les yeux,
                                   et il lui fallait alors, à l'inspection du visage et de la tête
                                   seulement, deviner laquelle était sa fille de tous ceux qui
                                   s'agenouillaient devant elle, la tête enveloppée d'un châle
                                   ou d'un tapis; chaque fois qu'elle se trompait, elle devait
                                   payer un gage. C'était souvent un jeune homme, tlD vieillard,
                                   une vieille femme qui s'agenouillait, la tête ainsi couverte:
                                   de là résultaient des quiproquos.
                                     Quand ce fut le tour d'Elise de trôner, elle ne manqua
                                   pas de choisir Jules pour sa fil/e, ou son fils, comme il plaira
                                   au lecteur, afin de le martyriser un peu pendant l'inspection.
                                   Le jeu commence: tout le monde chante en chœur à chaque
                                   personne qui s'agenouille aux pieds de la dame aux yeux
                                   bandés:
                                               Madame, est-ce là votre fille (bis).
                                               En boutons d'or, en boucles d'argent.
                                               Les mariniers sont sur leur banc.
                                    La dame voilée doit répondre par le même refrain:

                                               Oui, c'est là ma fille (bis) 1

                                    Ou bien:
                                               Ce n'est pas ma fille (bis),
                                               En boutons d'or. en boucles d'argent,
                                               Les mariniers sont sur leur banc.
                                    Après l'inspection de plusieurs têtes, Elise, entendant sous
                                  le châle les rires étouffés de Jules, crut avoir enfin saisi sa
                                  proie. EUe palpe la tête: c'est bien celle de Jules, ou peu s'en
                                  faut; le visage, à la vérité, est un peu long, mais ce diable
                                  de Jules a tant de ressources pour se déguiser 1 N'a-t-il pas
                                  déjà mystifié toute une compagnie, pendant une soirée en-
                                  tière, sous le déguisement d'habits du temps de Louis XIV,
                                  après avoir été présenté comme une vieille tante arrivée le
                                  jour même de France? Sous ce déguisement n'a-t-il pas eu
                                  même l'audace d'embrasser toutes les jolies dames de la réu-
                                  nion, y compris Elise elle-même? Quelle horreur 1 Oui,
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