Page 259 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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collier, qui une bague, etc. Dès que la personne chargée
                                         de diriger le jeu, appelait un de ces objets, celui qui avait
                                         choisi cet objet était obligé de quitter son poste dont un
                                         autre s'emparait immédiatement: alors, à mesure que se fai-
                                         sa It l'appel des différents articles de toilette à Madame,
                                         commençait, d'un arbre à l'autre, une course des plus ani-
                                         mèes qui durait suivant le bon plaisir de la personne choisie
                                         pour diriger le divertissement. Enfin, au cri de c Madame
                                         demande toute sa toilette,» c'était à qui s'emparerait d'un
                                         arbre pour ne pas l'abandonner; car celui qui n'avait pas
                                         ce::te protection payait un gage. Tout ce manège avait lieu
                                         au milieu des cris de joie, des éclats de rire de toute la socié-
                                         té; surtout quand quelqu'un, perdant l'équilibre, embrassait
                                         la terre au lieu du poste dont il voulait s'emparer.
                                           Lorsque la fatigue eut gagné les dames, tout le monde ren·
                                         tu dans la maison pour se livrer à des jeux moins fatigants,
                                         tels que «La compagnie vous plaît-elle,» ou c èache la ba-
                                         gue, bergère,» ou «la cachette,» "l'anguille brûle,» etc.
                                         On termina par un jeu, proposé par Jules, qui prêtait ordinai-
                                         rement beaucoup à rire. 1
                                           Les anciens Canadiens, terribles sur les champs de bataille,
                                         ét~ ient de grands enfants dans leurs réunions. Presque tous
                                         ét2nt parents, alliés, ou amis depuis l'enfance, beaucoup de
                                         ces jeux, qui seraient inconvenants de nos jours et qui répu-
                                         gn,eraient à la délicatesse du sexe féminin des premières
                                         so<:iétés, étaient alors reçus sans inconvénients. Tout se pas-
                                         sait avec la plus grande décence: on aurait dit des frères et
                                         dei; sœurs se livrant en famille aux ébats de la plus folle
                                         gaieté.  2
                                           Ce n'était pas sans intention que Jules, qui avait sur le
                                         cœur la pincée de l'aimable Elise, proposa un jeu au moyen
                                         duquel il espérait tirer sa revanche. Voici ce jeu: une dame,
                                         assise dans un fauteuil, commençait par choisir une personne


                                           1. Ces jeux, qui faisaient les délices des réunions canadiennes,
                                         il y a soixante ans, ont cessé par degré dans les villes depuis que
                                         l'éll!ment étranger s'est mêlé davantage à la première société
                                         frallçaise.
                                           2.. Les anciens Canadiens avaient pour habitude, même à leurs
                                         moindres réunions, de chanter à leurs dîners et soupers: les
                                         daEles et les melisieurli alternativement.
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