Page 141 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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                combarrant sous de glorieux étendards, frères d'affection, mais
                ennemis sur les champs de bataille.  j'ai vieilli de dix ans
                pendant ma maladie: je ne suis plus ce jeune fou au cœur brisé,
                qui se ruait sur les bataillons ennemis en implorant la mort;
                non, mon cher frère, vivons plutôt pour voir de meilleurs jours:
                ce sont là tes dernières paroles, lorsque tu confiais mon corps
                sanglant aux soins de mes grenadiets: ce sont là tes dernières
                paroles, et elles me font espéter des temps plus heureux pour
                ceux qui n'ont jamais cessé d'être frères par le sentiment.
                  Tu connais comme moi, continua Jules, l'état précaire de
                cette colonie: tout dépend d'un coup de dé.  Si la Ftance nous
                abandonne à nos propres ressources, comme il y a tour lieu de le
                croire, et si d'un autre côté, vos ministres qui arrachent un si
                grand prix à la conquête de cette contrée, vous envoient du
                secours au printemps, il faudra de toute nécessité lever le siège
                de Québec et vous abandonner finalement le Canada.   Dans
                l'hypothèse contraire, nous reprenons Québec, et nous conser-
                vons la colonie.  Maintenant, mon cher Arché, il m'importe de
                savoir ce que tu feras dans l'une ou l'autre des deux éventua-
                lités.
                  - Dans l'un ou l'autre cas, dit de Locheill, je ne puis, avec
                honneur, me retirer de l'armée tant que la guerre durera; mais
                advenant la paix, je me propose de vendre les déhris de mon
                patrimoine d'Ecosse, d'acheter des terres en Amérique, et de m'y
                fixer.  Mes plus chères affections sont ici; j'aime le Canada,
                j'aime les mœurs douces et honnêtes de vos bons habitants; et,
                après une vie paisible, mais laborieuse, je reposerai du moins
                ma tête sur le même sol que toi, mon frère Jules.
                  - Ma position est bien différente de la tienne, répliqua Jules.
                Tu es le maître absolu de toutes tes actions; moi, je suis l'esclave
                des circonstances.  Si nous perdons le Canada, il est tout pro-
                bable que la majorité de la noblesse canadienne émigrera en
                France, où elle trouvera amis et protection; si ma famille est
                de ce nombte, je ne puis quittet l'atmée.  Dans le cas contraire,
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