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ARCHIVES DE QUBBEC 303
Leur position paroit cependant d'autant plus dangereuse et d'autant plus
pressante (si ils n'ont pas un prompt secours) que le general angiois n'epargne
ny soins ny depense pour s'etablir a ehibouktouk et aux mines, paroissant dans
le dessein d'etahlir non seullement un fort a chibouktouk, mais d'y former une
ville considerable, et differents forts aux mines pour se mettre a couvert d'un
coté ds incursions des partis canadiens et de l'autre de l'attaque des sauva-
ges que l'anglois redoute ; aussy son premier aoin at'il eté de les gagner par
caresses et par presens, mais M. le Loutre les a rassemblé et mis dans la dispo-
sition aussy bien que les habitans francois, de se defendre mutuellement et
de declarer une guerre ouverte aux anglois.
Le deputé des sauvages ne leur a pas caché l'intention de sa nation. on
vous a sans doute envoyé Monseigneur la cappie du diqcours qu'il a tenu au
general anglois.
Le, habitans francois envoyent en franee le S' Joseph vignau eu qualit6
de deputé pour demander du secours a la cour.
S'il m'étoit permis de mêler icy mes reflexions a celles qu'il me paroit
qu'on fait actuellement a l'acadie, je dirois
ID Qu'on a eu grand tort de ne pss borner et limiter immediatement aprks
le traité de 1713, et pendant le Cours de l'année aiiignhe pour cela, la portion
de I'acadie cedbe aux anglois par le susd. traité comme on en étoit convenu
entre les deux couronnes.
2' Que dans l'incertitude de ce qui devoit apartenir aux aiigloir, on devoit
au mains presumer que c'étoit la presqu'isle que je vas borner et limiter cy
après qui leur avoit et6 cedée, que par conséquent il n'y falloit pas former
d'habitations françoires, que les hahitans françois qui y étoient deja devuient
en sortir suivant la faculté que leur en donnait le traité de 1713 a compter du
jour de la datte de sa signature, aulieu d'y rester et de s'y multiplier comme ils
ont fait depuis 1713 jusqu'au nombre de 13 à 1400 familles qui y sont actuelle-
ment etablies dans leurs possessions et avec leurs effets qui pourraient bien
reRtor aux anglois si les hommes mémes et les familles n'y restent pas comme
il est fort a presumer par l'intention on paroissent &tre les anglois d'y etablir
des colons de les mêler avec les francois d'y former des alliances dans la vue
de n'y avoir plus dans la auittc qu'une seule nation et une même religion.
3" Que pour les mémes raisons que cy dessus le zèle des missionnaires
eclair6 par la prudence aurait du les porter a hiter de former des paroises
. .
considerablcs dans la ~re~uu'isle dont il s'aeit. et on voit au contraire aue M''
de la Goudalie et de Nainville se sont donné tous les soins imaginableipour y
retenir les habitans francois en 1730 sur le oretexte de flatteuses esDerances aue
Leur donna M. le generai Philipps plus hab;ile qu'eux et moins sa& doute p&tr
favoriser les habitans francois et leur conserver leur privileges et leur liberté
de religion, que pour les rctenir dans i'acadie, prevaiant bien que plus elle
seroit hahitee et cultivbe, plus elle <ieviendroit utilc aux anglois, lorsque par
quelqu'evenernent favorable, ils s'en mettroient veritablcment en possession.
Jay dis cy devant que les missionnaires francois avoient formé des parois-
ses eonsiderables dans ee que les anglois appelleut aujourd'huy le poste princi-
pal de la nouvelle ecosse, en voiey la preuve tirbe des diiïerens memoires qu'on
ma envoyés de ce paye la et sur lesquels jay forni8 mes plans d'instructions.