Page 94 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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missionnaires.  Qui  dira  le aventures   hallucinante^  dont  il  fut  témiiiu
                                  pendant ses interminables  randonnees  ?  Il  voyageait tantôt  seul.  tsniôt
                                  en  groupe  quand  il  suivait  les  caravanes  de  canots  afin  de  pouroir
                                  repérer  lea  campements indieus,  échelonnes autour  du lac tels  que Wabi-
                                  nosh,  Ombabika,  Sand  Point,  Grand  Ba),,  Nipigon  House.
                                      On  peul  facilemeut  retracer  son  itinéraire  à  l'aide  de sou  jonrnal,
                                  composé  durant  ses voyages  ct rédigé  en  style  téléyraphique.  Sa plume
                                  court  en  toute  liberté  sur  de  rande es  feuilles,  à  la  façon  de ses chiens
                                  sur  les  plaines  eniieigées.  Ce  journal  de  sept  cent  cinqnante-six pages,
                                  le  Père  du  Ranquet  l'a  écrit,  parfois  assis  sur  nne  roehe,  souivent  à  la
                                  Iueur d'uue  bougie  riu d'une écoree enflammée.  Il re~~useite devant notre
                                  imagiiiatjon  ébahie  la  dure  vie  du  missionnaire  ontarien,  avant  que  le
                                  ehemin de fer  muliiplia  les IaeilitEs  de  locomoiion.
                                      Deiis  son  journal,  il  a  eunsigiié  une  foiile  d'observatious  sur  les
                                  mreurd,  les  coutumes,  les  danses  indiennes,  la  ehasse  au  huard.  chasse
                                  préfërée  des  Indiens.  11 uote  que  la  glace  fcitidarite,  au  dégel,  4 se met
                                  en  ehandelles l1 -, rlu'uri  matin,  au  lever  du  soleil,  passatit  en  caiiot
                                  devant  un  énornie  rocher,  a un  hiliou  blanc,  qui  ne  paraît  aucunemeut
                                  effarouché,  le  suit des yeux  tournant  doucement la  tète  12...   D
                                      Mais  la  vie  de cet  ap8tre est  plus  austère  pue son style,  elIe  semble
                                  tenir  du  miraele.   Il  travaille  prodigieusenient  et  jefilie  presque  ciint i-
                                  riuelIement.  Ni pâtisserie,  ni  pomme de terre.  Sa nourriture,  quand  il
                                  en prend,  se erinipose  de poisson  et de ehsir de gibier,  cuits  daris l'eau,
                                  sari6  poivre  ni  sel.  Aurait-il  pu garder  un  tel  régime  alimentaire  sans
                                  une  grâce particulière ? 1-il   se mortifie de la  sorte, e'est  qu'il  ero ynit,
                                  lui,  comme  Notre-Seipeur, à  A'eKicaciié  du  jeîinc  et  de  la  prière  pour
                                  ob tetiir  la eoriversion  des païens.
                                         L'ri  joiir  rlii'il  ilaii  en  route,  vrrr  le  Yipigon  probahlemcni.  on  vint
                                      I'avertir  qu'uu  Indien  se  mourail  à  la  suite  d'un  combai  avec  un  ours
                                      ilu'il  avait  tué.  Le  Père par1  seul.  cn  canni.  Avant  d'nrrii'rr,  son  canot
                                      chavire  d  une  peliie  distance  du  rivage.  11 piirnt: le  burd  à  Iri uage,  cn
                                      poussant  son  cenol  dçvani  Ilii.  Puis,  il  se  lanrr  i l'eau  pour  repFcher
                                      $on  bagage.  Pcine  perdue.  11  revient  sur  Io  dri.ce,  ee  reposc  dc  rer
                                      excrcice  Epuisant.  puis  il  s'enfonce  daus  la  iorêt.  Après  quelques  hcur~r
                                      de uiarchc,  il tiait  auprès du malade qu'il  secouru1 Fans rien lui  raconter
                                      de  son  aveniurc  II  rrpariir  Gnr  lui  dcmantler  de  nourriiurz,   le
                                      nialarle  &tait INP  pauvre.  lx soir,  il  parfiet  à  808  canot  qu'il  reiirersu
                                      jur  lui et  passa  ainsi  la  nuit.  Li: maiiu.  il  s'cmbarqur,  1r.h peiué  d'avoir
                                      prrrlu  sa  cliapelle  rt  wn lusjl.  11  revient  avec  lenteur,  avironnant  de
                                      plue  r.n  plus faiblement.  En  ûbordani  au  qusi.  il   étui^  pile  comme  nu
                                      niort;  il  cliancela  et  Int  lacapable  de  proférer  une  parole ...  San.;  le
                                      le  récit   icrivii  hi.  Fiulûyson,  .personne  u'eu  cui  jamais  rieu  YU.
                                         Ccs  défaillances, qui  w renouvrGrcnt  à  pluoieur.;  rrpriscf,  mtiuirent
                                      assez  dr   éuergie  il émit  doui ct jusqu'à  quelles iiniiies il  poussait
                                      le dirouemeni.  LIU soir, à  la veilliio,  par  un  grand  Iroid  (I'hivcr, le  Pkrc
                                      arriva.  su  barbe  qu'il   Iringur  est  prix  en  un  giaçou  et  lui  fernie

                                  Jl  Jourual  du Ptre  du  Ranquet,  13 mai  1W; Archices  dri  Cvl!èpe  Suink-llflirie,
                                     3180:  312.
                                  72  Journal  du  Pbre  Ranquei,  23  ontohre  1874:  654.
                                  13  Lettres  des  .'l'oirwlles  Missions  du  Canada,  1:  98.
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