Page 92 - Transcriptions d'actes notariés - Tome 20 - 1682-1686
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régions glaciales.  II  a  aceeptf  l'offre  des  courriers de la  Compagnie  de
                                  la  Baie  (l'Hudson  qui  ee  tcndaient  à  Nipigon  House,  poste  de  traiie
                                  situe sur In  ciite ouest du  lac.  Diirarit  le trajet:  les voyageurs sonffient
                                  c  liorrililement  du  froid j m.  Le  ~ir, on  dresse  la  teriie,  mais  il  est
                                  iiripossible de fermer l'œil.   x  Il fnIlait,  raeonte le Père Frémiot.  tourner
                                  le  dos  au  feu  pour  ri'avoir  pas  les  yeux  crevés  par  la  boucane.  et  se
                                  retourner  bien  vite  vers  le  feu  pour  n'arriir  pas  les  mains  peléeo.  A
                                  l'entrée  du lac, j'avais  Ies sourcils et les cil5 tellerneri~ chargés de glaçons
                                  que  je  pouvais  à  peine  soulever  les  paupieres  et  ne  voy-ais plus  qu'un
                                  jour  ribseur  comme à  travers une foiêt '.%
                                      Après six jours  de voyage,  il atteint le poste de h Compagnie  de la
                                  Baie d'Hndson.  Il y  était  vivement  stteudu  par  le  bourgeois  lui-mêirie,
                                                                         .
                                  M.  Louis-Derijs de la Ronde.  nn Csnadieti  frnncais. eatholiaue couvairicu
                                                                            ,
                                  qui,  à  défaut  dr  prêtre,  était  catéchiste  et  bnptisenr  de' nouveau-née,
                                  servait de t énioiu aux riuuveanx  conples el de coiipolatenr anx moriboncie.
                                      Le Père Frémiot  se mit  aussitôt ii  I'œnvre.  Chaque jour,  il se  pro-
                                  digua : messe,  catéctiismes,  lecons  de chant et  iiiatruct ions.  11  eriaeigiia
                                  l'ABC  anx  enfante  av4.r:  antaiit  de joie  qne  s'il  avait  diiniié  des  cours
                                  à  la  Sorbotine.  II  pr<:c:ha  les  exercices  spirituels  du  Carême  et  de  la
                                  Semaine Sainte qui furent eouroiinés.  à la fête de PGques, d'uiie  premiere
                                  commnnion  solennelle.  céréiiicinie  tont  à  fait  inusitée  dsiis eeite  régirin.
                                  Puis,  il  érigea  une  croix  de  vingt  pieds  de  liantenr  anpiès  dn  priste.
                                  r  Elle regarde le lac, écrit-il, et semble inviter de loin les famiIles nomades
                                  qui le  silloiinent  en  tous sens à veiiir  rliereher  sons  eon  omble  le  repos,
                                  le salut et la  rie.  Dès  le  lendemain.  Iea  Indigènes  abrird>rent en  foule;
                                  laqnelle il s'était  abrit6 depuis sept  iiiois :..
                                  le  lac  venait  enfiii  de  briser  en  iiiille  morreanx  Ia  voiïte  de  lace  sriua

                                      D'aprcs  les  renseignements  reçus,  le  missioniiairc  s'attendait  à
                                  rencontrer  des  anthropophages;  au contraire, les  Indiens, des  Odjibii-és
                                  (appelés nussi Sauteux, Djibiva.  Chippewa, etc.)  étnient pleiris  de respect
                                  et  d7afIabilité pour  1s  Robe-Noire.  Le  Père  Fri.miot  eoii~ertit le frère
                                  d'un  redontable sorcier.  Il ret nu comble de la joie.  Eeoutona-le chariter
                                  soii  allépresse:
                                         Qiiand  mon  pSriibli, vovripe  i 1s  iaquciic  ail  milirii  drs  ripiieiirs de
                                      I'hirrr.  qiiand  mon  djour de (roi? inoin  ail  Yipigoii  poiir  y  aiteindre les
                                      Saiivagei,  qiiaud  ioiiieu  les  ~ritiiln~ions doni  j'y  lus  assailli  n'aiiraieiit
                                      pain!  d'aulre  FEcoi~~penbe qrie  d'avoir  ciiroyi  ail  ripl  l'âme  de  Juurpti
                                      l'iroqiiois, rie devrais-je pas m'ciiim~r IF: ~IUR heureux de* 1n~irtr13 d'avoir
                                      41;  rhoisi rle  Dieu  pour  étrc  I'insiriimrnt  d'unr  ri  erande  laieur  de  sa
                                      3fi4ricortie ?  Oui, c'csi  dans cc5  irisirs  pay<, où  les  élus  +out  si rares
                                      a  glaner  qn'on  eslime  à  sa  juste  valeur  la  sloire  pi  1~ Llnnh~ur d'avoir
                                      pu  coiitribucr lant  soit  peu à  une  ei  seinir- CI  4i  sublime rriirepriae  !  O
                                      unirno ! rrrnti  coles ! JF~ vois ce3 gr~nd~ [anle  si1 lunncr  uns  lacs malgré
                                                                    r-n
                                      I'iriiempérir  des  saisons  et  interroger  pet icnirnrn t  chacun  des  rochers
                                      qui lrr, hrirrlPut  et  quand l~ura yrux  avides  uu~ dEcouverl  eiifin quelques
                                     Frémioi  i Boulanger.  19  inars  1C52,  ibid.,  II:  197.
                                   8  Loc.  cil.
                                   7  Lc même  au  même,  2  juillet  18.52, Lettres  des  hrouc~lles Missions  du  Canada,
                                     11:  207.
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