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Quelques jours après, le notaire allait s'installer au Cap Santé et signait sa première
minute le 16 septembre. Deux ans et demi se passèrent. La nouvelle vint qu'un notaire
serait le bienvenu à La Malbaie. Chiniquy vint au début de janvier 1813. Il acheta une
maison à l'endroit appelé, "la Croisée des Chemins" sur le terrain avoisinant celui de Madame
Pascal Rochette, mère de l'Honorable Edgar, Ministre du Travail à Québec. Il retourna
encore au Cap-Santé pour liquider ses biens et revint définitivement à La Malbaie le 28 août.
On rapporte bien des faits sur la vie privée du notaire Chiniquy. Il avait le triste
défaut de boire à l'excès. Ses colères étaient terribles. Lorsque la rage s'emparait de lui,
il attrappait son grand sabre et faisait maison nette. C'est probablement à la suite de l'un
de ces emportements que la mort l'emporta soudainement le 19 juillet 1821.
Le jeune Charles pensionnait depuis trois ans chez son onde Etienne Eschenbach à
St-Thomas-de-Montmagny et fréquentait une excellente école tenue par Allen Jones. Il
venait d'arriver à la maison paternelle lorsque se produisit le coup fatal qui amena la mort de
son père. Ce dernier fut enterré dans le cimetière de La Malbaie. Un grand concours de
peuple assista aux funérailles et en outre du curé Gabriel Lecourtois, Louis-B. David, Wil-
liam Frazer, Pierre McNicoll et Etienne Eschenbach signèrent au registre.
Madame Chiniquy, qui restait avec trois enfants, vendit ses biens et quitta LaMai baie
pour aller habiter la Rive Sud. M. Amable Dionne accepta le jeune Charles, son neveu, et
décida de lui faire faire un cours classique. Le vicaire J.-B. Morin lui enseigna les premiers
éléments puis l'écolier fut placé au séminaire de Nicolet. Ordonné prêtre dans la cathédrale
de Québec, le 21 septembre 1833, il fut successivement vicaire à St-Charles, à Charlesbourg,
à St-Roch de Québec. Nommé curé à Beauport le 21 septembre 1838, il y commença ses
fameuses campagnes de tempérance. Il fit ériger un monument que Monseigneur Forbin-
Janson bénit solennellement le 7 septembre 1841. Ce fait nous rappelle les premières
sociétés de tempérance établies au Canada. Le 28 septembre 1842, il fut nommé desser-
vant à Kamouraska et il succéda au curé Varin le 11 avril de l'année suivante. Ce fut son
malheur. C'est au presbytère qu'il développa certains vices qu'il savait satisfaire avec
l'hypocrisie la plus raffinée. Pris en flagrant délit, il fut obligé de quitter sa paroisse et il
entra au noviciat des Pères Oblats en novembre 1846 pour n'y rester que onze mois. Il alla
ensuite prêcher dans quelques églises de Montréal. Interdit par Mgr Bourget, il traversa
aux Etats-Unis et se fixa aux Illinois. En juillet 1852, il revint au pays faire un vibrant appel
à ses compatriotes, les engageant à aller s'établir dans les plaines fertiles de l'Ouest américain.
Il réussit à emmener un grand nombre de familles. Mauvais prêtre au Canada, il ne fut pas
meilleur aux Etats. Dénoncé partout comme apostat, if leva le masque et se jeta à corps
perdu dans l'hérésie, travaillant jusqu'à sa mort avec une rage satanique à faire tomber
dans le schisme les familles dont il avait été le si mauvais pasteur. Il était nonagénaire
quand il décéda. Sa fin fut si épouvantable que je n'ose pas la décrire dans ces pages. Le
bon Dieu lui avait accordé l'aisance jointe à un bonheur relatif et à une verte vieillesse pour
récompenser ici-bas le bien qu'il avait accompli par ses prédications énergiques contre l'in-
tempérance.
On m'excusera bien d'avoir tant parlé du fils au lieu du notaire. Je l'ai fait à dessein pour
corriger plusieurs inexactitudes. On a répété souvent que Chiniquy était né à La Malbaie et
même qu'il y avait exercé du ministère. C'est une erreur.
Le notaire a un greffe assez difficile à déchiffrer. Son écriture n'est pas régulière et il
écrivait sur un bien mauvais papier. Il signa son dernier acte le 16 juillet 1821.
MAITRE JOSEPH AMIOT
On s'est demandé bien d~s fois comment il se fait que le greffe de ce notaire soit déposé
à La Malbaie. Le notaire Amiot n'a jamais pratiqué dans la région, mais bien à St-Louis
de Kamouraska, à St-André, à la Rivière-du-Loup et à l'Ile-Verte. On trouve la réponse
dans une toute petite lettre annexée au répertoire du notaire. Charles-Herménégilde Gau-
vreau, cousin d'Amiot a acheté les minutes et les a déposées avec les siennes au greffedu
Saguenay. Maître Amiot pratiqua cinq ans à peine. Autorisé le 14 décembre 1811 à
exercer sa profession, il écrivit son premier acte le 3 janvier 1812 et son dernier le 13 mai 1816.
Etant tombé malade, il crut qu'il referait sa santé sur les hauteurs des Caps de St-Tite. Ce
fut en vain. Il décéda le 6 juillet 1816 et fut inhumé dans la paroisse de St-Joachim.
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