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t'assure. J'eu avais besoin. Jé pars bien plus con·
tent, te sachant résignée, toi et toute notre famille,
que s'il en était autrement. Je n'écris qu'à toi cette
fois, mais par toi j'écris à toute la famille, que je
ne saurais assez féliciter de la résignation avec la-
quelle elle me sacrifie à Dieu. C'est un grand sacri-
fice que nous faisons assurément; mais nous le fai.
sons à quelqu'un qui nous paiera bien et avec des
intérêts bien élevés.
Je ne saurais assez remercier le Bon Dieu de
m'avoir donné une famille telle que la mienne; car si
elle n'eût pas été généreuse, j'aurais eu bien du mal
à l'être moi-même; je n'aurais peut-.être pas eu la
force de tout surmonter pour lui. Je vous aurais pré-
féré à lui, je serais resté près de vous, contre son
gré, et nous l'aurions tous mécontenté. Mes confrères
qui m'accompagnent n'ont pas le même bonheur que
moi; eux aussi font un grand sacrifice évidemment,
mais leurs familles le font à regret, et même les pour-
suivent de leurs malédictions. Dieu sans doute, pour
récompenser le courage des enfants, leur donnera de
meilleurs sentiments. Oh 1 vous ne sauriez croire
combien je bénis la providence, lorsque j'entends mes
confrères parler des embarras qu'ils ont eus avec
leur famille, tandis que moi je n'ai qu'à me louer de
la mienne; et Dieu aussi en est bien content, j'en suis
sûr. Je ne doute pas que dès ici-bas il nous récom-
pense largement de notre commun sacrifice; mais du
moins si nous ne recevons pas notre récompense sur
la terre, ce ne sera que pour en avoir une plus belle
dans le ciel. Efforçons-nous de ne la pas manquer..
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