Page 85 - monseigneur
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"INFIBMll HUNIlI ELEGIT DEUS" 1
Son frère, l'abbé Jean, a quitté la paroisse de Grenou%. pour
celle de Martigné. Monseigneur lui donne quèJques COD-
seils pour bien remplir sa charge.
En arrivant ici le 12 juin dernier, j'ai eu l'avan-
tage d 'y trouver ta lettre du 6 avril. J'ignorais com-
plètement ton changement de position. D'après ce
que tu me dis, bien que la paroisse que tu administres
soit plus importante que cêlle' que tu as quittée, tu
regrettes la première et tu appréhendes les difficul-
tés que tu rencontreras dans cette dernière. Bien
cher frère, je ne suis point flatteur avec les bons
Missionnaires que je dirige; je ne veux pas non plus
l'être avec toi; je ne te dirai donc pas que tu as des
talents plus que suffisants pour diriger la belle pa-
roisse qui t'a été confiée, pas plus que pour celle que
tu as quittée. Si nous n'avions l'un et l'autre que
notre talent pour diriger les œuvres que le bon Dieu
nous a confiées, elles courraient grand risque de
mourir entre nos mains; mais ce sur quoi nous devons
nous appuyer, c'est sur celui-là même qui nous donne
notre mission, celui qui pour arriver à ses fins choi-
sit de préférence Cê qui est vil et méprisable: infirma
mundi elegit Deus. Avec un tel appui, notre faiblesse
fait notre force. Nous pouvons d'autant plus comp-
ter sur celui qui nous fortifie que nous pouvons moins
compter sur nos talents et les autres qualités que le
bon Dieu n'a pas jugé à propos de nous donner.
Ainsi pour ma part voilà ma manière de diriger ma
barque. Comme je ne la crois pas mauvaise, je te la
1Lettre à 80n frère l'abbé Jean. _ St-Bonlface, 1. , Jumet
1866.-CFG