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violoniste de Montréal, Albert Chamberland. Quand il venait
                                   à Saint-François, il accompagnait les cantiques au violon.
                                   Impossible pour moi de ne pas être encore remplie d'émotion,
                                   même après tant d'années!
                                       Georges Dufresne, de Nicolet, le père de Pierre Dufresne
                                   (comédien), venait chez les Blondin aussi. Je n'en suis pas cer-
                                   taine, mais je pense qu'il a marié Mamie Buisson, une nièce
                                   de notre curé du temps. Ces Buisson étaient orphelins et c'est
                                   notre curé qui les a recueillis au presbytère. Deux garçons et
                                   deux filles. Une de mes cousines, une Mondou, mariée à Pa-
                                   trick Deschenaux, demeurait en face des Blondin. Après eux,
                                   il y avait une petite côte, la côte Blondin, et il devait y avoir un
                                   cours d'eau, car il y avait un petit pont!
                                      Là, commençait le rang de La Troisième. Je ne me rap-
                                   pelle pas être allée dans ce rang. Il paraît que c'était bien en-
                                   nuyant. Au coin, une petite maison, démolie depuis 1973, était
                                   tenue par la bonne femme Duguay. Elle vendait des biscuits,
                                   des bonbons, de la gomme; une espèce de petit restaurant.
                                   Quand j'ai marché au catéchisme (assisté à des leçons à l'égli-
                                   se en préparation à la communion solennelle), c'est là que
                                   nous allions dîner, avec deux cents: une cent pour quatre bis-
                                   cuits Viau Village et une cent pour un bâton fort; moi, il m'a
                                   toujours fallu avoir du sucré pour finir mon repas! Les autres
                                   n'étaient pas plus riches et c'était suffisant. Nous étions
                                   heureux. Nous marchions au catéchisme trois semaines de
                                   temps, à pied sur une distance de quatre milles (6,4 km) pour
                                   nous et de cinq milles (8 km) pour d'autres. Après le caté-
                                   chisme, à trois heures et demie, nous retournions chez nous,
                                   chacun dans son rang. Les garçons se déchaussaient, les bot-
                                   tines sur l'épaule, tandis que les filles placotaient (bavar-
                                   daient). Malgré un peu de fatigue, c'était pour nous du bon
                                   temps! Déus Verville, un Tadore du bout du rang, me dit
                                   qu'eux trouvaient ça bien fatigant: ça leur faisait cinq milles
                                   de marche.


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