Page 194 - monseigneur
P. 194
un peu! Mais il avait beaucoup de mémoire, et en quelques
minutes, s'il en avait le temps, il savait ses leçons! Ce devait
être ce qui choquait les frères! Gus (Gustave) était gêné
comme moi; il n'a pas fait grand bruit. À l'école, il s'est fait
de bons amis. Jean était d'un genre tout différent, mais pas
difficile.
Je reviens à notre logis, au-dessus des Yerville. Le vieux
M. Yerville venait faire son tour tous les soirs. Il aimait parler
du Petit Chenail et parfois il m'agaçait! Quand Upton n'était
pas là, il me disait: «Upton est encore en bas? » Upton tra-
vaillait dans le bas de la ville... Je lui répondais: «Oui, il n'est
pas encore revenu du bureau. » Il y avait une nuance entre la
question et la réponse. J'ai fait amie avec la femme de Déus.
La meilleure femme au monde. Je suis allée dans sa famille,
qui demeurait sur la rue Saint-Denis, je crois. Elle n'avait
qu'un frère, et plusieurs soeurs. Nous avons suivi des cours
de cuisine du gouvernement, tous les lundis soir à la paroisse
Saint-Ambroise. Nous sommes allées voir toutes les Fridoli-
nades de Gratien Gélinas. C'était amusant au possible. Je suis
allée souvent au théâtre (cinéma) Plaza, le dimanche après-
midi. C'était, dans le temps, des films muets de Charlie
Chaplin, de Harold Lloyd. Je me rappelle surtout ces deux-
là, qui étaient bien drôles. Je suis allée aussi au théâtre
Saint-Denis voir une revue de Gaston Saint-Jacques: Qua-
torze Mille lions (millions) à l'eau, une revue politique, avec
en vedette Alexandre Taschereau et Arthur Sauvé. J'étais
jeune et j'aimais à rire. Ça m'amusait beaucoup. Je suis allée
voir de l'opéra aussi: Faust et Carmen,. c'était agréable. Que
dire des opérettes avec Olivette Thibault, Rita Bibeau, Lionel
Daunais? Mon mari aurait aimé ça, mais il aimait encore
mieux se coucher le dimanche après-midi pour se reposer. À
la radio, il y avait Le Trio lyrique et Les Joyeux Troubadours.
qui débutaient à peu près dans ce temps-là.
199