Page 192 - monseigneur
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Mon mari commençait une autre vie aussi. La classifica-
                            tion des produits laitiers s'est faite à Québec et à Montréal.
                            Ce travail consistait à classer les produits laitiers selon leur
                            qualité: «de choix », «no 1 », «no 2 », «déclassé» et «im-
                            propre à la vente ». Je suis un peu mêlée, mais je pense que la
                            première année, Upton a été classer à Québec. Il prenait le
                            bateau Je lundi matin et revenait le vendredi soir. À Québec, il
                            demeurait chez un des classificateurs, M. Danis. Ce dernier et
                            sa femme n'avaient pas d'enfant et restaient à Giffard. Là,
                            Upton a visité toutes les maisons de gros. Assez souvent, il re-
                            venait le vendredi avec un marché de viande. Comme je ne le
                            savais pas, mon marché était déjà fait, ce qui n'était pas tou-
                            jours un avantage! Mais mon mari n'a jamais pu résister à
                            quelque chose de beau, même pour la viande. Il aimait bien
                            manger. Il avait l'odorat et le goût très développés; il n'ac-
                            ceptait d'habitude que la qualité «surchoix» pour toute nour-
                            riture.
                                J'ai fait l'entrée (admission) de mes enfants à l'école
                            Saint-Arsène. Nous étions de la paroisse Sainte-Cécile,
                            mais la rue Jean-Talon était en construction. C'était donc
                            plein de boue, l'église n'était pas construite, c'était un soubas-
                            sement (sous-sol) un peu ennuyant, et puis, les Yerville allant
                            à Saint-Arsène, nous avons suivi. La distance était à peu
                            près la même. L'école des filles avait des soeurs de Sainte-
                            Anne comme professeurs. Les garçons (j'en avais trois) sont
                            allés chez les frères de Saint-Gabriel, de bons enseignants.
                            Ces institutions étaient sur la rue Christophe-Colomb, une
                            rue très belle avec de jolies maisons. Je trouvais que la classe
                            de monde qui y demeurait était d'un niveau assez élevé, et mes
                            enfants s'y sont fait de bons amis.
                                Dans notre bout de rue, il y avait toutes sortes de gens: des
                            journaliers, des gens en moyens, des chômeurs, un laitier et
                            deux familles italiennes, les Colangelo et les Matarasse.
                            Ceux-ci faisaient le coin où est la station de métro mainte-


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