Page 122 - monseigneur
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disant: «Monsieur, on n'a rien fait, laissez-nous! » Il les a
retrouvés plus loin, s'est fait dire des bêtises, mais il a bien ri !
Les gars ne pouvaient lui en vouloir; il était fort, n'avait peur
de rien, et, dans le fond, c'était un garçon qui pouvait les
dépanner en tout temps. Il était généreux.
Dans les souvenirs de mon mari, chez lui au Bois de
Maska, il rappelait souvent qu'il ne comprenait pas que son
père à lui devait donner une partie du sucre qu'il faisait à
sa sucrerie à son grand-père Maher, qui n'en avait pas
besoin! Il trouvait ça injuste, sans le comprendre. Un autre
souvenir qu'il rappelait aussi, c'est à propos de la commu-
nion. Sa mère n'allait pas souvent à la messe, ayant tou-
jours de jeunes enfants. Un jour, eUe a pu s'arranger pour aller
communier, faire ses Pâques. Avant de pilrtir de la maison,
elle a préparé la bouteille de lait du bébé et y a goÛté pour
s'assurer du degré de chaleur r Alors, impossible d'aller com-
munier, le boire étant défendu. Cette affaire a toujours été
une énigme pour lui. Il ne pouvait accepter ça. Il devait avoir
SIX ans.
Cette chanson de mon mari me rappelle bien des souve-
nirs ! Il en chantait une autre, il était encore sur les genoux de
sa tante... Ça s'appelait Le Petit Crucifié. Il n'aimait pas
qu'on lui rappelle ça r
Une chanson de J. U. (On l'appelait très souvent J. U. à
partir de l'époque où il a commencé à signer ses rapports
comme inspecteur.)
Rire el pleurer
Tu m'as causé beaucoup de peine
Et tu m'as trompée bien souvent
Maisj'ai pardonné tes fredaines.
Quand on aime, on est indulgent.
Jamais je n'osais rien te dire,
Et pour mieux me rassurer,
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