Page 117 - monseigneur
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arrosait soit les élèves ou la maîtresse, mais dans son air, ça
                                 ne paraissait pas et les autres, le craignant, avaient peur de le
                                 dénoncer!
                                    Je vais raconter la dernière fois qu'il s'est fait mettre à la
                                 porte de l'école, entraînant avec lui mon frère aîné, Séraphin,
                                 et son cousin, un grand gars pas gêné. L'incident s'est produit
                                 ainsi. Upton faisait jeter le grand banc à terre par d'autres.
                                 La maîtresse, s'en prenant à mon frère, lui avait déjà fait
                                 relever le banc deux fois. La troisième fois, mon frère s'est
                                 fâché et a répliqué à la maîtresse: «Je ne suis pas Je fils du
                                 grand releveur de bancs! » C'est alors qu'elle les a envoyés
                                 dehors, Upton, Séraphin et le cousin Freddy. Ce n'était plus
                                 des petits garçons, ils devaient avoir douze à treize ans! Elle
                                 leur a dit : «Vous reviendrez quand vous aurez demandé par-
                                 don! » Mon père était pour la discipline; l'oncle de mon
                                 mari, peut-être pas, mais U pton tenait à aller défier la
                                 maîtresse. Pour ce qui est du cousin Freddy, lui, il n'a pas vou-
                                 lu y aller; il a dit à son père, l'oncle Benjamin (frère de ma
                                 tante) : «Vas-y, toé, bonhomme, demander pardon. Moé, j'y
                                 vas pas! »Et c'est ainsi que le lendemain matin, les deux gars,
                                 Upton et Séraphin, accompagnés de leurs pères et du com-
                                 missaire, se sont amenés à l'école pour le pardon! Nous, les
                                 plus jeunes, étions montés sur les tables pour assister à la
                                 cérémonie! Le premier à s'avancer était Upton ! Il a dit:
                                 «Pardon! »Elle a répliqué: «Pas comme ça. Dis: « Pardon,
                                 mademoiselle. »Ça n'a pas été long, il a répondu: «Pardon,
                                 mademoiselle. » Mon frère a fait la même chose, puis ils sont
                                 sortis et ç'a été la fin de leurs études à la petite école! Ils
                                 avaient fait ce geste pour rien!
                                    Mon frère a aidé mon père sur la terre. On était au mois
                                 de mai et U pton s'en est allé à l'île du Moine, à Sorel, chez
                                 son oncle. L'année suivante, ils sont allés à l'école privée des
                                 Mlles Cartier, au village. À quinze ans, leurs études étaient
                                 terminées. Dans le rapport de fin d'année, il a été prouvé que


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