Page 119 - monseigneur
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la maîtresse, toute diplômée qu'elle était, n'était pas compé-
                                  tente et que ç'aurait été aussi bien de fermer l'école.
                                     Mon frère était aussi enfant de choeur avec mon mari et
                                  d'autres compagnons. Dans les jours saints, où il fallait qu'ils
                                  se déchaussent, mon mari attrapait la bottine de son voisin et
                                  la glissait en dessous et au bout du banc. Inutile de dire ce qui
                                  se passait quand venait le temps de remettre ses chaussures.
                                  Le propriétaire de la bottine cherchait un bon bout de temps,
                                  en tempêtant et sachant à peu près, son voisin étant Upton,
                                  d'où était partie l'aventure. Ces enfants de choeur, se ren-
                                  dant d'avance pour la messe, avaient du temps pour jouer des
                                  tours. Ces souvenirs-là ne s'effacent pas et nous avons eu
                                  bien du plaisir à les rappeler par la suite.
                                     Après les études chez les Mlles Cartier, c'était le temps
                                  pour lui de préparer son avenir. Il n'était pas question qu'il
                                  reste pêcheur ou chasseur, il avait pris d'autres idées. Les gens
                                  de Montréal, parmi lesquels il y avait un échevin, lui avaient
                                  proposé d'aller les voir, qu'ils feraient quelque chose pour lui.
                                  Mais il n'a fait qu'une petite visite et il en a eu assez! Il s'est
                                  embarqué sur un chaland qui faisait du trafic jusqu'aux
                                  Grands Lacs. Le propriétaire du chaland était un homme de
                                  Notre-Dame-de-Pierreville. Je pense qu'il a navigué (il était
                                  matelot) une couple d'étés. Un des Yerville a navigué aussi
                                  pour cet homme. C'était au temps où se construisait le canal
                                  Soulanges. Il a travaillé là aussi, je ne sais combien de temps.
                                  L'hiver, il revenait chez son oncle. Et puis, à dix-sept ans, il
                                  s'est engagé pour faire le fromage avec un fromager de
                                  Notre-Dame qu'il connaissait. Il a appris le métier (il n'y avait
                                  pas d'autre chose, pa.s de choix) et a continué dans cette ligne,
                                  jusqu'à ce qu'il devienne inspecteur de fromageries.
                                     L'hiver, il allait à l'École de Laiterie de Saint-Hyacinthe.
                                  Il a passé par tous les stages. L'été, mon futur mari faisait du
                                  fromage ou du beurre dans différentes fromageries. Je pense
                                  que c'est à cette époque (il avait dix-neuf ans) que, le prin-


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