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MÉMOIRES
Thérèse rencontre Aurèle « Il était toujours dans le même groupe où se trouvait
aussi Aurèle Beauchamp. Ils étaient cinq, six gars.
Thérèse raconte :
Et Aurèle me faisait toujours de la façon, mais il ne
« C’était un beau dimanche après-midi et mon amie voulait pas faire de peine à son chum. Un autre de
Marguerite me téléphone et me dit : Il fait tellement la gang qui avait une auto, c’est John. On s’est vu
beau, Thérèse, pourquoi on ne prendrait pas le tramway plusieurs fois. On allait danser à Aylmer, à l’Hôtel
qu’on appelait aussi « les p’tits chars » - pour aller à British. En auto. C’était en 1939.
Fairy Lake faire du ski. J’ai dit : Oui. C’est vrai qu’il fait
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beau. On y va. On fait du ski. Tout à coup, il commence « John, qui avait aussi une auto, me dit : Thérèse,
à neiger fort, fort, fort. On décide d’aller au Tea House samedi soir, on pourrait aller te chercher. Je vais venir
pour prendre un thé ou un café avant de partir, avec quelqu’un. On va être deux couples. Je ne savais pas
avant de prendre le tramway. On va au Tea House, avec qui il viendrait. Quand ils sont arrivés, j’étais
on était seules, puis Marguerite envoie la main à en haut, avec maman dans le salon, et on regardait
quelqu’un qu’elle connaissait. Une fille avec deux ou pour voir qui viendrait. Quand je l’ai vu, j’ai dit : Il
trois garçons. On décide d’aller les rencontrer. J’aime me semble que je l’ai vu quand je suis allée en ski… Mais
tellement ça rencontrer du monde. On y va et on se habillé en ski et habillé autrement, ce n’est pas pareil. Ma
présente… On enlève nos bottines, on danse sur nos mère me dit : Fais-le monter que je le vois…. Il rencontre
chaussons. maman. Il dit : Madame Bouvrette on va juste aller faire
un tour et aller manger un cornet de crème glacée. Il est
« Dans le groupe, il y avait Jean-Paul, qui me dit : Mes redescendu tout de suite. On a fait notre tour dans
parents sont bien amis avec vos parents. Oui, justement, Rockcliffe, on était deux couples… Ils ont dit : Pourquoi
ma mère était la marraine de sa sœur. Il me dit : on n’irait pas souper? J’ai dit : Non, moi j’peux pas aller
J’aimerais ça aller vous voir. Quelqu’un du groupe avait souper – tu vois comme j’étais sage - parce que je suis
une auto et nous ramène à Ottawa. J’arrive chez nous en train de faire une neuvaine dans une petite église dans
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et j’étais en train de souper avec maman quand le l’ouest de la ville, près de l’église des Capucins et j’y allais
téléphone sonne. C’était Jean-Paul. Y’avait pas perdu en autobus. Cette église, dit John, je sais où elle est.
de temps! Il est venu ce soir-là, il a rencontré maman C’est à quelle heure? J’ai dit : C’est à 7 heures, dans une
qui avait beaucoup de choses à lui raconter : elle heure. C’est correct, dit John, on sera à la porte. Moi je me
connaissait toute sa famille! Elle me dit : C’est un bon dis : ils ne viendront jamais me chercher. Je mange à la
garçon ça. Mais il ne me disait rien, et n’était pas mon maison. Et puis… Ben non! Ils étaient là, tous les trois.
genre…
3 C’est un petit lac - qui s’appelait lac Christie jusque dans les années
1950 - dans la partie sud du parc de la Gatineau et le sentier du Lac- 4 Paroisse Saint-François d’Assise, à l’angle des rues Wellington Ouest et
des-Fées relève officiellement de la CCN. Fairmount.
1940 Aurèle Beauchamp et Thérèse Bouvrette au Parc 1940 Thérèse Bouvrette et sa mère Dorilda dans
Strathcona à Ottawa. Source : Archives familiales. leur maison du 67 Bolton à Ottawa. Source : Archives
60 LE CHAÎNON, HIVER 2021 familiales.