Page 63 - Chaînon été 2021_hr - copie
P. 63

VISAGES




            général 2012), Herménégilde Chiasson a écrit : « Il s’en   se déploie en contexte franco-ontarien, au carrefour
            dégage une sensualité et une détente qui nous rendent   de plusieurs arts. Son parcours sinueux et créatif l’a
                                                6
            conscients de notre présence au monde . » Et plus loin,   conduit de Hawkesbury à Toronto, puis à Ottawa, où
            il ajoute : « Œuvre atypique dans la cinématographie   il vit depuis 2006. L’interprétation de conférence lui
            canadienne, [Effractions] nous propose une vision à   donne accès à des connaissances encyclopédiques et,
            mi-chemin entre le cinéma et la littérature [et] il nous   grâce au septième art, il donne libre cours à sa pulsion
            donne accès à une poésie hybride et insaisissable    créatrice et à son besoin de sonder l’âme humaine.
            qu’aucun livre ne saurait contenir. » La vraie vie
            « distille l’essence de l’existence » et permet « de voir   Alors, Jean Marc Larivière, un « homme de la
            derrière l’écran de nos vies », confirme le réalisateur,   Renaissance »? Certes, par ses multiples talents,
            qui a fait ressortir la dimension poétique du roman.   sa curiosité intellectuelle et l’étendue de ses
            La romancière a trouvé les images et la musique      connaissances, mais cette « figure centrale de la
            « absolument sublimes ».                             production [cinématographique] francophone en
                                                                                                       e
                                                                        8
            Les thématiques                                      Ontario » est surtout un créateur du XXI  siècle,
                                                                 sensible aux préoccupations de son temps.
            La filmographie de Jean Marc Larivière (voir
            l’encadré) mêle les longs et les courts-métrages, les                  Filmographie
            documentaires, les œuvres de fiction et les vidéoclips.   1982  Révolutions, d’ébats amoureux, éperdus, douloureux.
            Elle accompagne l’évolution du cinéma francophone           Dramatique, trois femmes s’accrochent l’une à l’autre
            en Ontario qui, depuis ses débuts en 1975, compte plus      dans la tempête d’un monde qui périclite, 70 min
            de 250 films de tous les genres et de toutes les durées,   1986  Divine solitude. L’art chorégraphique de Nana Gleason,
            et c’est sans compter les nombreuses séries produites       28 min
            pour la télévision ou le web.                          1988  Sweet Jane. Vidéoclip pour le groupe Cowboy Junkies,
                                                                        4 min
            Les thématiques de l’œuvre cinématographique de        1993  Sur le bord. Mise en images de « Sur le bord du lac
            Jean Marc Larivière sont nombreuses. Elles portent          Ramsey » du poète Robert Dickson, 5 min
            sur le temps – nos vies trépidantes et submergées      1996  Le dernier des Franco-Ontariens. Documentaire imaginaire,
            d’information superficielle –, sur l’identité individuelle   58 min
            et collective, sur la redécouverte de la beauté qui    1998  Noosphère. Vidéoclip, chorégraphie et danse, Julie West,
            nous entoure, sur le rééquilibre d’un monde fragile         4 min
            et instable, sur l’exploration de l’intimité et de la   2000  Les chasseurs d’ombre. Documentaire sur les chasseurs
                                                                        d’éclipse de Soleil, 58 min
            dimension spirituelle de l’être humain trop habité
            par le vide. S’oublier soi-même pour accéder à la      2008  Espaces de vie, oublie et souviens-toi. Court-métrage sur
                                                                        l’artiste visuelle Geneviève Ruest, 7 min
            transcendance, « la Source », comme il l’appelle, est un      Sirius Rising. Laboratoire de danse, 3 bandes vidéo de
            autre thème fort de son œuvre.                              60 min chacune

            Ses films d’auteur peuvent dérouter certains                The Nine Dimensions. Laboratoire de danse, 4 bandes
                                                                        vidéo de 180 min chacune
            spectateurs en raison de l’absence d’un fil narratif   2009  9D2. Laboratoire de danse, 4 bandes vidéo de 180 min
            explicite et linéaire. Ils demeurent néanmoins toujours     chacune
            d’actualité, car ils sont imprégnés d’humanité et      2012  Des poussières de toi. Art et essai, 4 min
            présentent l’être humain face à la vie, à ses tourments,   2014  Effractions. Fiction réimaginée d’après le roman de
            à ses aspirations. D’ailleurs Jean Marc voit dans ses       France Daigle, La vraie vie, 110 min
            propres films un moyen de mieux se connaître lui-      2020  hÔMme MovieS, essai cinématographique aléatoire.
            même : « En créant, c’est moi que je conscientise  »,       (En montage)
                                                        7
            confie-t-il. Son cinéma porte à réfléchir.
                                                                   Ces œuvres sont pour la plupart en accès libre : https://
            « Un homme de la Renaissance? »                        jeanmarclariviere.com/. Certaines d’entre elles ont été présentées
                                                                   au Festival international de Toronto, au Festival des films du monde
                                                                   (Montréal), à la Cinémathèque Ontario, aux Rendez-vous du cinéma
            Presque tout dans la vie de Jean Marc Larivière        québécois, à la Cinémathèque française (Paris) et au American Film
            relève du hasard et du coup de foudre, et son œuvre    and Video Festival (New York).

            6  Herménégilde Chiasson, « Effractions ou une poésie hybride à saisir »,
              Liaison, 2015, n  168, p. 32-33.                   8  Jean-Claude Jaubert, « Le cinéma francophone canadien en situation
                         o
            7  Cité dans Alain Poirier, « En créant, c’est moi que je conscientise »,   minoritaire », dans Actes du Forum sur la situation des arts au Canada
              Liaison, 1983, n  26, p. 15-16.                       français, Sudbury, Prise de parole, 1999, p. 209-225.
                         o
                                                                                                LE CHAÎNON, ÉTÉ 2021  61
   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68