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SECTION SPÉCIALE : LES CONTES ET LÉGENDES DE L’ONTARIO FRANÇAIS
La Pouponnière Dionne sert d’abord d’hôpital (1934-1938) pour les Yvonne, Annette, Émilie, Marie et Cécile, les jumelles Dionne, saluent le
jumelles Dionne, puis d’école élémentaire (1938-1948) et enfin d’école drapeau de la Première armée canadienne pour une photographie de
secondaire privée (la Villa Notre-Dame, 1948-1952), Callander (Ontario), propagande dans le cadre du troisième Emprunt de la victoire, 1942.
[194-?]. Source : King Features Syndicate. Université d’Ottawa, CRCCF, Source : King Features Syndicate. Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds
Fonds Gaëtane Vézina, (P268-Ph213-60). Gaëtane Vézina, (P268-Ph213-67).
nécessaires à la tutelle, ils se verraient retirer toute petites filles des microbes parce que leur santé était
l’aide qui leur était accordée : le soutien de la Croix- très délicate et, d’autre part, par le fait qu’il fallait les
Rouge, les services du médecin Dafoe, l’équipement protéger de l’exploitation commerciale . Il faut savoir
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spécial nécessaire à la survie des petites filles, le lait que quelques mois après la naissance des fillettes,
maternel en provenance de Toronto et de Montréal . leur santé était encore chancelante. Le 1 septembre,
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er
Elzire et Oliva étaient bien démunis. Étaient-ils devant Yvonne avait fait 103 degrés de température; une
une réelle alternative, soit d’accepter ou de refuser semaine plus tard, c’était au tour de Cécile de faire
cette tutelle en toute connaissance de cause? Et puis, 103 degrés de température. D’ailleurs, les cinq petites
se sont-ils peut-être dit que leurs petites filles chéries filles avaient perdu du poids.
leur reviendraient deux ans plus tard? Il leur suffisait
peut-être de faire contre mauvaise fortune bon cœur Un site, appelé Quintland, a été aménagé juste
et d’attendre avec impatience la mi-août 1936 pour devant la maison familiale. Sur ce site, plusieurs
revoir les petites franchir le seuil de leur maison pour établissements ont été construits, notamment la
y rester. pouponnière, également appelée l’hôpital Dafoe; la
résidence du personnel; la galerie d’observation et
Dans un rapport adressé à l’intention du premier le terrain de jeu; la boutique de lainage, la boutique
ministre Mitchell Hepburn, la FFCF avait recommandé de souvenirs et le restaurant d’Oliva Dionne.
de ne pas mettre en œuvre cette tutelle parce qu’elle Rapidement, ce lieu est devenu une curiosité
était d’avis que l’État n’avait aucun droit sur les internationale et attirait une foule de curieux dont
quintuplées et que leurs parents disposaient de le nombre se multipliait rapidement . Des gens
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toutes les compétences parentales nécessaires pour des quatre coins de la planète venaient les voir. Ce
les élever . Malgré cette opposition manifestée par la tourisme, parrainé par le Bureau ontarien du tourisme,
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FFCF ainsi que par d’autres organismes et individus, avait favorisé l’arrivée de l’électricité et du téléphone
les Dionne signaient le 4 août 1934 un contrat de à Corbeil et la construction d’hôtels, de restaurants,
tutelle pour les quintuplées pour une période de de boutiques de souvenirs et de postes d’essence. Par
deux ans. Le gouvernement de l’Ontario justifiait la ailleurs, Léon Dionne, l’oncle des quintuplées, détenait
tutelle, d’une part, par le fait qu’il fallait protéger les un poste d’essence et avait donné à chacune des
pompes le nom d’une quintuplée .
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20 Gaétan Gervais, L’ACFEO et l’éducation française des jumelles Dionne
(1934-1944). Cahiers Charlevoix – Études franco-ontariennes, 2000, 22 Gaétan Gervais, Les jumelles Dionne et l’Ontario français, op.cit., p. 40.
no 4, p. 182. 23 Jean-Yves Soucy, op. cit., p. 94.
21 Lucie Brunet, op. cit., p. 237. 24 Pierre Berton, op. cit., p. 15.
48 LE CHAÎNON, ÉTÉ 2021