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LÉGENDES VIVANTES

non seulement une grande
source d’amour, mais également
d’inquiétude. Comment
parviendraient-ils maintenant
à subvenir aux besoins de
dix enfants? Percevant la belle
occasion de s’enrichir avec ces
naissances extraordinaires, des
personnes peu scrupuleuses
ont approché le père de famille
pour tenter de le faire succomber
à l’appât du gain. Ainsi, Oliva
signa un contrat avec le Bureau
d’excursion du Siècle du Progrès,
à Chicago, pour exhiber les fillettes
à l’exposition de Chicago dès que
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leur vie ne serait plus menacée .
Les quintuplées Dionne, Yvonne, Émilie, Cécile, Annette et Marie, avec le médecin Allan Roy Dafoe qui En vertu de ce contrat, Oliva devait
les a accouché. Source : Bibliothèque et Archives Canada/Howard Fuller collection/a026034. recevoir 23 % des profits nets;
le père Daniel Routhier, 7 %. Ce
Aide à la famille dernier, âgé de 44 ans, qui avait
toujours été un conseiller de la
Elzire a rapidement eu de l’aide pour s’occuper des petites filles. En famille Dionne, devenait son agent
effet, pendant un certain temps, 17 personnes vivaient dans la maison d’affaires. La confiance d’Elzire
des Dionne : Elzire, Oliva, Alma, la sœur d’Oliva; les dix enfants; et d’Oliva à l’égard du père
deux infirmières, le grand-père et madame Legros, la tante d’Elzire . Routhier était telle qu’ils avaient
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même nommé leur fils Daniel en
Cependant, la famille n’a pas été la seule à avoir prêté main-forte aux son honneur . Après réflexion,
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Dionne. La Fédération des femmes canadiennes-françaises (FFCF), dans les 24 heures qui ont suivi la
fondée par Almanda Walker-Marchand en 1914, a été le premier groupe signature du contrat, Oliva et le
à défendre la cause des jumelles Dionne et à offrir à la famille un soutien père Daniel Routhier – sans doute
constant au fil des ans parce que la protection des enfants et des mamans accablés de remords – renonçaient
était l’un de ses chevaux de bataille . À cette époque, le Canada français au contrat en retournant le chèque
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se distinguait, d’une part, par un taux de natalité élevé, mais, d’autre au Bureau d’excursion du Siècle du
part, par un taux de mortalité infantile également élevé . Trois jours Progrès.
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après la naissance des jumelles, le bureau de direction de la FFCF a
fait parvenir à Elzire Dionne un mandat de 20 $ pour qu’elle puisse Première tutelle – 1934
se procurer ce dont elle avait besoin pour se rétablir. Des membres de Lorsque le premier ministre de
la FFCF ont confectionné des vêtements pour les petites filles et ont l’Ontario, Mitchell Hepburn, a
également prodigué des conseils aux parents Dionne. Madame William appris qu’Oliva Dionne avait
Delaroute, présidente de la section de North Bay, et les parents Dionne signé un contrat avec le Bureau
ont rapidement fait appel aux conseils d’Almanda Walker-Marchand, d’excursion du Siècle du Progrès,
présidente-fondatrice de la FFCF, lorsqu’est venu le temps de défendre il retira la garde des jumelles
leurs droits parentaux et réclamer le retour des petites au sein de aux Dionne pour une période
la famille. Par ailleurs, madame Walker-Marchand est intervenue à de deux ans au moyen d’une
plusieurs reprises dans la sphère politique en faveur des parents Dionne.
tutelle. Les représentants du
gouvernement de l’Ontario ont
Si les jumelles Dionne se sont révélées être une grande source de insisté sur le fait que si les Dionne
curiosité pour la population en général, elles étaient, pour les parents,
ne signaient pas les documents

15 Ibid., p. 74. 18 Jean-Yves Soucy, Secrets de famille,
16 Lucie Brunet, op. cit., p. 23. Montréal, Libre expression, 1995, p. 29.
17 Ibid. 19 Pierre Berton, op. cit., p. 70.

LE CHAÎNON, ÉTÉ 2021 47