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SECTION SPÉCIALE – 175  DES SŒURS DE LA CHARITÉ D’OTTAWA
                                                                          e



                                                                  Sœurs Grises de Bytown était également protestant : il
                                                                  s’agissait de E. Van Cortland. Dans une lettre datée du
                                                                  1  septembre 1845 et adressée à Elizabeth McMullen,
                                                                   er
                                                                  supérieure de l’Hôpital général des Sœurs de la
                                                                  Charité de Montréal, Élisabeth Bruyère lui écrivait
                                                                  qu’à Bytown, tous les docteurs étaient protestants .
                                                                                                               7

                                                                  Pour ce qui est des personnes destinées à la vocation
                                                                  religieuse, huit ont été accueillies chez les Sœurs
                                                                  Grises de Bytown au cours de la première année de
                                                                  la fondation de la congrégation. Parmi elles, deux
                                                                  étaient anglophones d’origine irlandaise, Martha
                                                                  Hagan et Mary Joséphine Phelan .
                                                                                                8

                                                                  Élisabeth Bruyère tenait à ce que Martha et Mary
                                                                  Joséphine apprennent le français avant de les
                                                                  accueillir chez les Sœurs Grises de Bytown. Ainsi,
                                                                  Martha s’est inscrite à l’école de langue française des
                                                                  Sœurs Grises de Bytown et, quelques mois plus tard,
                                                                  le 11 juin 1845, elle devenait religieuse, à l’âge de
                                                                  16 ans et 5 mois. Pour sa part, Mary Joséphine s’est
                                                                  rendue à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec. Une
                                                                  fois sa formation linguistique achevée, soit cinq mois
                                                                  plus tard, elle a fait profession chez les Sœurs Grises.

                                                                  On constate alors que même si Élisabeth Bruyère
                                                                  respectait la langue, la culture et la religion des
                                                                  personnes qui bénéficiaient de l’aide des religieuses,
            Sœur Martha Hagan. ASCO, P-H0008-001.
                                                                  la maîtrise du français, tant à l’oral qu’à l’écrit, était
                                                                  une condition sine qua non pour joindre les rangs des
            Depuis ses tout débuts à Bytown, la congrégation      Sœurs Grises de Bytown. Par ailleurs, cette condition
            des Sœurs de la Charité constitue une communauté      se retrouvait dans la liste de recommandations à
            religieuse multiculturelle. Ce multiculturalisme est   suivre chez les Sœurs Grises de Bytown : « Faire tout
            perceptible autant chez les élèves fréquentant leur   ce que vous pourrez pour faire parler les enfants en
                                                                         9
            école ainsi que les blessés et les malades admis à    français  ». En janvier 1852, Élisabeth Bruyère écrivait
            leur hôpital que chez les personnes qui ressentent    dans les chroniques de la congrégation que les Sœurs
            l’appel à consacrer leur vie aux autres au sein de la   Grises de Bytown avaient toujours exigé que les
                                                                                                              10
            congrégation.                                         postulantes anglophones apprennent le français .

            Pour ce qui est des élèves inscrites à leur école fondée   Il ne fait nul doute que les 31 années d’Élisabeth
            le 3 mars 1845 dans un hangar à deux étages, les élèves   Bruyère à titre de fondatrice et supérieure générale
            canadiennes-françaises catholiques étudiaient au      des Sœurs Grises à Bytown/Ottawa ont permis
            rez-de-chaussée, pendant que les élèves anglophones
            catholiques et protestantes se retrouvaient au premier   7  Sœur Jeanne d’Arc Lortie, Lettres d’Élisabeth Bruyère Volume 1 1839-
                                                                    1849, Montréal, Éditions Paulines, 1989, p. 145 et 187.
            étage.                                                8  Selon le registre des entrées, Mary Joséphine Phelan orthographiait
                                                                    son nom de cette façon. Elle était la nièce de M  Patrick Phelan, celui
                                                                                                    gr
            Quant aux blessés et aux malades admis à leur hôpital   qui a accordé l’institution canonique aux Sœurs Grises de Bytown.
                                                                    Elle a été élue 3  supérieure générale des Sœurs Grises de Bytown en
                                                                               e
            fondé le 10 mai 1845, soit trois mois après l’arrivée des   1879 (14 avril 1879 – 14 avril 1884).
            religieuses à Bytown, l’un des premiers patients était   9  Huguette Parent, op. cit., p. 29;  Jeanne d’Arc Lortie, op. cit., p. 132.
            un Noir protestant, Jim McDermott, âgé de 21 ans. Le    Citation : id., p. 423. On notera que cette recommandation est encore
                                                                    en vigueur dans les écoles de langue française en Ontario.
            premier médecin à offrir ses services gratuitement aux   10  Archives des Sœurs de la Charité d’Ottawa (ASCO), Chroniques, janvier
                                                                    1852, p. 75.

                                                                                                LE CHAÎNON, ÉTÉ 2020  21
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