Page 432 - Annuaire Statistique Québec - 1918
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PROVINCE DE QUEBEC (1821)                          391
        blée à Québec déploraient cet état de choses, qu'ils attribuaient aux res-
        trictions imposées par la métropole sur le commerce des bois et sur le
        commerce des farines.    Ils se plaignaient des Actes de navigation, qui
        empêchaient les vaisseaux étrangers de venir prendre des chargements
        dans les ports des colonies; ils ajoutaient que le manque de manufactures
        était un grand obstacle à la prospérité du pays.  Il leur fallait acheter en
        Angleterre tOUR les objets de luxe, et les payer largement.  IlR deman-
        daient donc au gouvernement impérial de leur venir en aide, et au moins
        d'enlever les restrictions qu'il avait mises sur le commerce deR grains
        et des farines. (1).
             Ces plaintes ne devaient pas être vaines.   L'heure était venue où
        l'Angleterre allait enfin apporter un adoucissement aux lois régissant le
        commerce avec les pays étrangerR.    Les comités de la Chambre deR lords
        et de la Chambre des Communes avaient demandé, dans leurs rapports
        sur le commerce extérieur de l'Angleterre, une refonte des Actes de navi-
        gation.  A la session de 1822, deux actes, d'une grande importance dans
        l'histoire économique de l'Angleterre, étaient passés.   Par le premier
        (3 Geo. IV c. 44) étaient réglés les rapports commerciaux entre les colo-
        nies anglaises d'Amérique et les autres pays américains.   Les objets de
        consommation et les matières premières, provenant ùe ces pays, pou-
        vaient être transportés dans des ports déterminés des' colonies, sur des
        navires anglai::; ou du pays producteur.   Et de même, les articles des
        colonies, pouvaient être transportés dans les pays américains, par des
        navires oottant pavillon britannique ou du pays destinataire.  Le second
        acte (3 Geo. IV c. 45) permettait aux colonies de communiquer directe-
        ment avec les ports étrangers de la côte européenne de l'Atlantique, ainsi
        qu'avec Gibraltar, Malte, Guernesey, etc.,    Les colonies pouvaient y
        transporter leurs produits; elles pouvaient en recevoir les denrées et les
        matières premières énumérées dans l'acte.    Le commerce avec les pays
        européens ne devait cependant se faire que sur des vaisseaux anglais, et
        un droit de 7;1% de leur valeur, devait être chargé Rur tous les objets
        importés de ces pays.
             Un immense pas venait d'être fait, et c'est de ce moment que date
        l'émancipation graduelle des colonies en fait de commerce international.
             La Gazette de Québec, en donnant le nombre de vaiRseaux entrés au
        port de Québec dans l'été de 1822, disait:
             "Il n'est arrivé qu'un seul vaisseau d'un port étranger (du Havre, en
        France), quoique l'acte du parlement Impérial qui permet le commerce
        avec l'Europe par vaisseaux anglais, et avec l'Amérique septentrionale
        et méridionale par vaisseaux anglais ou étrangers, soit en force depuis le
        24 juin dernier.  Deux vaisseaux ont fait voile pour Brest (en France)


            (I) Journal de la Chambre d'Assemhlée, 1821-22 p. 50.
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