Page 35 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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~()US LA DO\'HNATION ANGLAH:\F.                       23

                           d'un GSprit fort cbirvoYfmt: "Aprè8 tLvoir fait, llit-il, la rr~vue des forres
                           des anrjrJns et des nouveaux sujets (1) de Sa Majest6, et avoir d(~Ill(lntré
                           la gmnde ~upériorité des derniers, il est peut-Mire opportun d.e faire
                           remarquer qu'il n'est pas du tout probable que cett· i:iupériorité diminue
                           à l'avenir; au r.ontl'aire il st:1 croire qu He s'augmentera et s'affirmera
                           chaque jour.   Les Europ ;ens qui .émigrent ne pl'éf(rcront jamais les
                           10ngR hivers inhoKpitH,liers du Canada, au r,limat plus doux et au sol plus
                           fprtiIPfl deR province,' du sud. de Sa. Ma,ÎC':·Jt(~.
                                IILeti qucllJul~s an(~i n Rl'ljd,R cil: Sfb Maje:-;tf., qui. dl:meurent actllelie-
                           ment dans notr pl'ovilH.:e y ont. éf.é pour la plupart 1n.isRés par accidl:nts.
                           Ils se compo'l:l t d'officiers, de tioldats licenciés et de I:eux que l'anlH~e
                           traînait à S L uiote, gens qui, ne :·.;ar.hant faire dans d'autrcs lieux, se Kollt
                           install's i(li lol'~ de la n~ddition, ou hilm ce sont des trafiquants de hasard
                           ou de.-' gens qui ne pouvant plll:-; demeurer en Anglekrre, en sont partis
                           pour essayer de refahe leur fortune lorsque s'e t ouvert r.r. nouveau
                           débouché commercial.     Mais depuis, l'expérience leur a démontré que
                           le commerce f'.xigl: ici un rigide esprit d'économie [tuquel il1:l sont étrangers
                           ou qu'il leur eKt imlJol:>siblc ùe mettre en pratique.  Aussi est-il arrÏvé
                           qu'un certain nombre entrevoyant d.e plu' grands nvanta.gr,::; allleurs,
                           et que d'autres preRf:0:-i par la nécessité ont quitté l:1 province; et je crains
                           sérieusement qu'un plus gmnd nombre, pour les même' raisons, ne
                           partent d'ir.i à quc1ques années.  Or, tandis que la rigueur du climat
                           et la pauv1'l\té de la oontrée découragent tout le monde, à l'exception des
                           natifs, la "tdubrité ici. est tell, que c .' derniers se multiplient chaque jour;
                           en sorte quP s'il nl' $urvi' lt aucune catastrophe qu'on ne saurait prévoir
                           sans regret, la race cn.o.adi nne, dont les racines sont déjà. :!Ii vigoureuRe8
                           et Ri fécondes, finira pnr peupler ce pays à. un tel point qu tout él  lent
                           nOll vl:au qu'on tmnRporterait au    anada s'y trouverait entièr'ment
                           débordé et effacé, ::i::l.uf cltLm; leK villes de Québec et de Montr68.l."  (2)
                                Cnrl0ton fwait l'flIisonj les d61"n.stwi'> de la gUl:rre répn.rés, le peuple
                           avnij, l'nIJl'i:-; cOllI'ltge et f-:'(d,nit. remiR ù. la culture de la tene.  L'émigra-
                           tion anglaise que l'on nppr(>'hlmdait fut o.bsohIH)(~llt nulle.  B.ic'II n'était
                           chang ~ (bus If,' tif:i et CI tllme..: du peuple; dirigé.' et cOll:;;eill(~f; pal' leurs
                           curé"  sout ~nU!:i et proto gés par lek' cigneurs et les nobles de l'ancien
                           régime, les habibnts éta.1 nt!L sez indifférent· fi, la c!.omination étrahgère.
                           San  fi soucier d " lois et dpI' combinaison.' polit,iquGS de l'Angletr.rn:, ils
                           trou èrent dan' leul' union av . le ctergr un    force de r _. iRtance qui
                           déjoua tous les pIanI' imap;inés pour les dénationaliser.    Ils  gardè~
                           l'eut leur In.np;ue et leur religion, 0t travaillèrent :\ s'assurer la pOR-
                           se8::;ion du ~ol, en s'emparallt de;.; terres encore inoc(:upées dans les
                           vieilll:R ~eip;neuriI:8; Rolidl:nwnt uniR, ils alln.ic:nt bientêt fUl'llJ0r un0 masse
                           compacte, homogène, toujours croiRF:ante, qu'aucune force étrang0re ne
                           saurait briser.  D'autant plus qu'un coup terrible, prévu ceppndant,
                           allait creuser un abime profond entre eux et la vieille mère-patril~.


                               (1) 1,C!f .ltîJlul"i1Ji ~Ilj~  dn Sn ~u"j('3t(.tl fHmt. 1  Any: in unü (T't':"l; )~; l'nouveaux filljeLI'I" sont.  )o.~ Cnillulië.u~
                           Ira-n<"'::li~.                              .
                                (2) CnrlotoD il 'hclbu"'ë, 20 Nnv. 17B7.  Doo. Conal. (1759-1791). p. 172.
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