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206          GOUVERNEMENT-ADMINISTRATION

             sont entièrement choisis parmi des conseillers législatifs irresponsables
             au peuple.   C'était au temps de l'oligarchie, où une petite poignée de
             favoris gouvernaient, dépensaient les deniers publics sans prendre la
             peine de consulter les citoyens.  Les Canadiens ne se découragent pas.
             Ils ne cessent de réclamer une constitution représentative.   Enfin, en
             1791, grâce à l'esprit de justice qui animait Pitt, Lord Granville, Lord
             Abington et quelques autres hommes d'état anglais, la Chambre des
             communes d'Angleterre adopta une loi accordant une nouvelle constitu-
             tion au Canada.
                 La constitution de 1791 fut proclamée par le gouverneur Clarke, le
             18 novembre 1791, mais le Canada n'a réellement changé de régime
             qu'en 1792.  Cette charte divisait la colonie en deux provinces, le Haut
             et le Bas-Canada, et accordait à chacune d'elles un Conseil législatif et
             une Chambre élective.   Ce dernier point était d'une grande importance,
             car la nouvelle constitution accordait au peuple un gouvernement dans
             lequel il put manifester ses opinions par la voie de ses représentants.
             Elle garantissait de nouveau aux Bas-Canadiens leurs vieilles lois fran-
             çaises et le libre exercice de leur religion.  Néanmoins, le nouvel état
             de choses était loin d'être parfait: le Conseil exécutif n'était pas respon-
             sable à la ,Législature.  Ainsi, les habitants, par leurs représentants dans
             la Chambre d'Assemblée, votaient les subsides nécessaires au fonctionne-
             ment du service civil et aux entreprises publiques, mais cette Chambre
             n'avait aucun contrôle sur les dépenses. Le ministère pouvait commet-
             tre des injustices, employer les deniers publics malhonnêtement: il res-
             tait impuni, car il était irresponsable devant la Chambre.
                  Avec 1792, commence cette grande lutte parlementaire qui devait
             finalement se terminer par la tourmente de 1837-38.       Les biens des
             Jésuites, l'éducation, les subsides, la responsabilité ministérielle, l'amo-
             vibilité des juges, voilà autant de questions importantes qui furent dis-
             cutées dans l'ancienne Chambre.    Toute une pléiade d'hommes distin-
             gués, admirablement préparés à remplir leur rôle, grâce à de fortes
             études classiques puisées dans les collèges du Bas-Canada, notamment
             au Séminaire de Québec, se jetèrent dans l'arène politique.
                  Les deux Papineau, père et fils, Taschereau, Panet, Bédard, Morin,
             Lafontaine, Blanchet, Viger, Bourdages et plusieurs autres luttèrent
             comme des lions pour les libertés canadiennes.  La joute dura quarante-
             clnq longues années.
                  En 1840, l'Angleterre réunit le Haut et le Bas-Canada et donna un
             seul Parlement au pays.   Cet acte d'union, dans l'esprit de ses auteurs,
             devait anéantir les Canadiens français.  La langue française était officiel-
             lement abolie, les vieilles lois en partie abrogées, et la responsabilité
             ministérielle encore lettre morte.  Il faut avouer, cependant, que l'acte
             d'union contenait certaines clauses où l'Angleterre manifestait un com-
             mencement de politique plus libérale.   C'est ce que saisit promptement
             Lafontaine.
                  Nos pères, bientôt remis de la terreur de 1838, recommencèrent
             avec plus d'énergie que jamais les combats constitutionnels.      Lafon-
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