Page 8 - La Généalogie retrouver ses ancêtres

montré un grand attachement aux coutumes ct aux traditions de sa
famille. On peut imaginer la surprise de ses proches quand, lors des
dernières élections, il quitta avec fracas le parti que les Landry
avaient soutenu de père en fils depuis la Confédération.
Deux mailles à l'endroit, deux mailles à l'envers ... Mécanique-
ment, Marie continuait son tricotage tout en observant discrètement
son mari. Au mutisme de ce dernier, à ses brusqueries, eue com-
prenait que la réunion n'avait pas marché à son goût. Après avoir
levé son tricot au bout de son bras droit tendu en avant, pour en
évaluer la progression, elle tourna sa berceuse vers l'homme, comme
une invitation discrète à la confidence. Calme, elle lui dit :

-Et la réunion ?
Il fit semblant de ne pas entendre. De ses gros doigts noueux,
il tentait d'ajuster le petit écran, mais l'image s'enfuyait ou sem-
brouillait dès qu'il croyait l'avoir fixée. Dans un geste de mauvaise
humeur, il ferma le contact.
-Cette maudite boîte est encore détraquée, lança-t-il. Ça fait
exprès : pour une fois qu'on avait un programme intéressant !

Il alluma sa pipe. Ce geste l'apaisa. Se tournant vers sa femme,
il demanda d'une voix neutre :
- Le journal est arrivé ?

-Le dernier est sur le buffet, derrière toi.
Après y avoir jeté un coup d'œil, il le lança sur le plancher dans
un geste d'impatience.

- C'est le journal d'avant-hier ; je l'sais par cœur !
-Je regrette, dit Marie sans hausser le ton, mais personne
n'est descendu au bureau de poste depuis deux jours.
-Depuis qu'on nous a enlevé la malle rurale, c'est pas ben
utile de payer l'abonnement.
-J'y peux rien, pauvre vieux. Il faudra attendre à lundi.
-Attendre ! Attendre ! on ne fait que ça depuis trente ans,
depuis cent ans. Comme la plupart des autres Québécois, nous nous