Page 4 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
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L'EPOUSE  ET LA MËRE


                                IL
                                  tout  le  pouvoir  ; ils  ont  acquis  presque  tout  l'argent  ;
                                " mais au pays de Québec rien n'a  changé.  Rien ne chan.
                                  gera,  parce que nous sommes un  témoignage.  De nouss
                                LI
                                " mêmes et de nos destinées, nous n'avons  compris claire-
                                  ment  que ce  devoirslà : persister  . . . nous  maintenir. . .
                                bL
                                " et nous nous sommes maintenus,  peut4tre afin  que dans
                              *  " plusieurs  siècles  encore  le  monde  se  tourne  vers  nous
                                " et dise  : Ces gens  sont d'une  race  qui  ne sait pas  mou.
                             P-   LL   ri. . .  Nous sommes un  témoignage.
                          . .. .'    " C'est  pourquoi ,il faut  re3er  dans  la  province  où   '
                             i  L

                          .     " nos       sont restés  et, vivre comme ils ont vécu,  pour
                                " obéir  au  commandement inexprimé qui s'es2  formé dans
                           .
                          ,  .-=   " leurs  cœurs,  qui  a  passé  dans  les  nôtres  et que  nous  .
                                " devrons  transmettre  à  notre  tour  à  de  nombreux  en.
                                " fants  : Au  pays  de Québec  nen  ne doit  mourir  et rien
                            L  1  " ne  doit  changer."   \.
                              -
                            ,-       Des années ont passé depuis cette époque, des années
                                qui  ont  compté  double.  Louis  Hémon  est  mort  triste,
                            1  fi  ment  avant  de  connaître  la  gloire  et sans  soupçonner  la
                                fortune  qui  attendait  son  livre.  Le  roman  de  Maria
                                Chapdelaine  fut  traduit  dans  toutes  les  langues.  Son
                            , , ,succès fut prodigieux.  .Dans le monde  entier, on  applau-
                                dit  l'art  du  romancier,  mais  on  loua  aussi  les  vertus  de
                           , - l'humble  paysanne  qui,  pour  répondre  aux  infiinfis  pro*
                                fonds  de  sa  race,  repoussa  courageusement  l'appel  d'une
                            ' "  existence  facile  et sacrifia  au  devoir  sa  belle  jeunesse  et
                                ses  rêves  d'avenir.   Tout le  roman  tient  dans cette crise
                            P                                                               .
                                de conscience d'où  Maria Chapdelaine devait sortir triorn-
                            h-.  phante et qui, certes,  n'aurait  même  pas  effleuré des âmes
                                moins  délicates  que  la  sienne.  C'est  là  son  mérite  et  il
                            - est  grand.  Nous  sonimes  beaucoup  mieux  en  état  de
                                l'apprécier,  après  les  abondantes  saignées  de  !'émigration
                               qui, entre les années  1920 à  1927, ont si  douleureusement
                               appauvri  nos  campagnes  au  profit  des  centres  industriels
                               du  sud.
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