Page 10 - La Généalogie retrouver ses ancêtres
P. 10

L'ÉPOUSE  ET LA  MERE             9



                         ,   alors  qu'ils  " tassent  leurs  abatis ".  Ces  déchets,  à
                        1 ;.  moitié  pourris  et  toujours  humides,  ne  se consument  pas
                        ,.
                           '
                             facilement, et  il  eSt  souvent  nécessaire  de  ramasser  deux
                        j.  ,, fois et  même  trois  fois  ces  lourds  déchets  calcinés  pour
                        ;    les livrer de nouveau  à  l'incendie.  C'eSt  un  rude  travail
                        ;        le colon  n'exécute  qu'en  y  mettant  la  force physique
                             d'un  terrassier.  Et  lorsque,  fourbu,  il  entre  à  son  foyer
                          P
                             au  soir  d'une  journée  de  " tassage ", il  e&  presque  mé-
                          b-.  connaissable ; non  seulement  ses  habits  ne  sont  souvent
                             plus  que des  haillons,  mais  les  mains  et la  figure noircies
                          F-  par  la  cendre et le charbon, il a 1ui.même  l'apparence  d'un
                             charbonnier.  Une fois que le feu a fait son  œuvre et que
                          b  -4
                             la  terre  eSt  débarrassée  des détritus de  la  forêt,  il  faudra
                             enlever les souches qui, au prix d'un  grand effort, peuvent
                        ;  '  ; être  déracinées  à  force  d'hommes  ou  de  chevaux.  Là
                        !  =  ' maintenant,  le  colon  peut  confier  à  la  terre  une  première
                             semence,  mais  son  travail  ne  sera  pas  fini.  11  lui  faudra
                       1.   R
                             congruire son camp, son écurie, sa  grange et ses clôtures ;
                          -.  4 il  lui  faudra  encore  creuser  des  rigoles  et des  décharges
                             pour  égoûter son  champ  et chasser  l'eau  et le froid  que la
                             mousse, comme une éponge, a retenus depuis si longtemps.
                          - -d  Bref, pour  mettre son  lot en rapport,  le colon a besoin  de
                             beaucoup de travail, d'endurance et de persévérance.  Les
                          , mauvais  chemins  et  même  l'absence  totale  de  chemins,
                             l'éloignement  des voisins  et peut,être  des centres  de ravi*
                          '" taillement, les enfants sans école, les dimanches sans église
                             et  sans  messe,  la  maladie  sans  possibilité  d'avoir  le  mé.
                          P decin,  le  camp  souvent trop  petit  et sans confort,  l'hiver
                       '
                           , avec  ses  froids  rigoureux  et  l'été  avec  ses  moustiques
                             insupportables,  le  colon  doit  avoir  le  courage  de  tout
                       L
                       1   ?.o  endurer.  Si  le  succès  e&  à  ce  prix,  la  récompense  n'e&
                             cependant  pas  lente à  venir,  contrairement  à  la  lutte sou-
                       *   Ld
                       1     vent  sans  espoir  que  livre  l'ouvrier  des  villes.  La  pa-
                       :  , roisse s'organise  ; l'école~chapelle dresse  sa  modeste  flèche
                       i   1
                             vers  le  ciel ; le  nouveau  curé  s'occupe  de  la  constru&ion
                             des écoles ; les chemins, les routes et les ponts se con& rui,
                       l
                       !   F-                    -*
                                                                                page  t&
                       [   h-.
   5   6   7   8   9   10   11   12   13   14   15